Pourquoi le cinéma coréen est-il le meilleur du monde? Oui, pourquoi? Et si varié? Pourquoi, "Old boy" et en même temps, "Printemps, été, automne, hiver ... et printemps"? Qu'est ce qui prédisposait ce pays à prendre la relève du Japon, qui n'est plus du tout ce qu'il était, depuis la mort ou la retraite des grands maîtres, Naruse, Kurosawa…. En tous cas, il faudra compter avec Lee Chang-Dong. "Secret sunshine" est, si on veut, un interminable mélo, ce genre de film que le cinéma occidental est incapable de produire (sauf, peut être, le cinéma italien). Qui oserait (à part, peut être, Nanni Moretti) raconter l'histoire de cette jeune veuve qui part avec son petit garçon s'installer dans la ville natale du défunt mari. Elle veut être acceptée, fait un peu d'esbrouffe, cherche un terrain pour investir... On la croit réellement riche, on kidnappe son fils et on le tue. Le spectateur suit avec la gorge nouée les étapes de ce chemin de croix. Après la nuit, le désespoir primitif, c'est la fausse lumière d'une fausse guérison par la bondieuserie, eh oui, il y a des Evangélistes partout! Jusqu'à vouloir être sainte, pardonner au criminel, mais le criminel lui aussi s'est embondieusé et a trouvé une scandaleuse paix. A nouveau la nuit de la haine, long cheminement au bout duquel l'héroïne retrouvera, peut être, une vraie lumière. Comme cette flaque d'eau sale qui, caressée par le soleil, scintille à la dernière image du film. C'est simple, c'est beau, c'est admirablement filmé avec la plus grande absence d'artifice, et ça pose au passage une sacré question théologique: de quel droit Dieu se permettrait-il de pardonner à la place de la mère? Mais la théologie n'intéresse guère nos cinéastes français trop occupés à filmer des petites polissoneries. Jeon Do-Yeon est prodigieuse, et nous aimons bien Song Kang-Ho, le brave garagiste, toutou amoureux qui, toujours là quand il le faut, essaye d'apporter son aide maladroite et fidèle