Fatih Akin évoque De l'autre côté comme le second volet d'une trilogie initiée avec Head on. "Le cinéma tient une place considérable dans ma vie, mais il n'est rien à côté de problématiques telles que la naissance, l'amour et la mort. Pour passer vraiment à l'âge adulte, je me suis dit qu'il fallait que je réalise trois films. On peut appeler ça une trilogie si on veut – mais en tous les cas, il s'agit de trois films indissociables car ils traitent respectivement de l'amour, de la mort et du mal. Head on parle d'amour. De l'autre côté parle de la mort – la mort dans la mesure où chaque décès est une naissance : la mort et la naissance ouvrent toutes deux la voie à d'autres dimensions. Avec De l'autre côté, j'ai le sentiment d'avoir atteint une nouvelle dimension, mais qu'il manque encore quelque chose qui sera au coeur du troisième film – un film qui parlera du mal. Je pense à ces trois films comme à mes "devoirs" – une fois qu'ils seront terminés, je pourrai passer à autre chose. Je pourrai peut-être aborder le film de genre, et m'essayer au film noir, au western et même au cinéma d'horreur."
"En tant qu'Allemands, Susanne et Lotte représentent l'Union européenne, tandis qu'Ayten et Yeter représentent la Turquie. Tout ce qui se passe entre eux dans De l'autre côté est emblématique des rapports entre ces deux systèmes politiques." (Fatih Akin)
Fatih Akin évoque son actrice Nurgul Yesilcay, et le personnage que celle-ci incarne dans le film, Ayten. "Ayten est très instinctive. Elle connaît le monde de la rue, et elle est très séduisante. Elle est très politisée. Au départ, Nurgul Yesilcay se sentait en déphasage avec la culture politique du personnage. Quand elle a fini par donner son accord, elle s'est donnée à fond. J'ai été subjugué par sa connaissance approfondie du personnage. Je connais pas mal de femmes comme Ayten, et Nurgül ne leur ressemble pas. Ayten est comme mon alter ego au féminin. Elle a une idée à un moment donné, et puis elle se surprend elle-même en en changeant l'instant d'après."
Lorsqu'il travaillait sur le planning de tournage de De l'autre côté, Fatih Akin s'est malencontreusement trompé par rapport a ses intentions originales pour une séquence, la désignant comme devant être tourné de jour, plutôt que de nuit comme initialement prévu. Le cinéaste ne s'est aperçu de son erreur que trop tardivement. Akin s'est ainsi résolu a tourner sa scène - une séquence de meurtre centrale récit - de jour. Finalement, Fatih Akin trouve que, filmée ainsi, sa scène gagne en intensité. Le cinéaste choisit alors de conserver la séquence en question.
Hanna Schygulla et Tuncel Kurtiz sont deux acteurs emblématiques des cinémas de Rainer Werner Fassbinder, pour l'une, et de Yilmaz Guney, pour l'autre. "J'ai très tôt songé à Hanna Schygulla pour le rôle. J'avais fait sa connaissance à Belgrade en 2004, et elle m'a envoûté. Je m'étais vraiment mis en tête de travailler avec elle. Certains journalistes allemands m'ont comparé à Fassbinder, mais je ne suis pas d'accord. Je viens de la rue, et non pas du théâtre. Je me sens plus proche de Yilmaz Guney – un artiste qui s'est rebellé contre les conventions. Fassbinder était à Hanna ce que Guney était à l'acteur Tuncel Kurtiz à qui j'ai également pensé très vite pour De l'autre côté. (...) Hanna, comme Kurtiz, correspondaient parfaitement à l'image que je m'étais faite des parents du film.".
Sous la direction de Yilmaz Guney, Tuncel Kurtiz à joué dans At avrat silah (1966), Bana kursun islemez (1967), Umut (1970), Le Mur (1983). Egérie de Fassbinder, Hanna Schygulla a elle joué dans une vingtaine de ses films, notamment Les Larmes amères de Petra von Kant (1971), Le Mariage de Maria Braun, La Troisième génération (1979) Berlin Alexanderplatz (1980), ou encore Lili Marleen (1981).
Lars Rudolph apparaît dans De l'autre côté dans un court rôle de libraire. Hanna Schygulla incarne elle l'un des rôles principaux du film, celui de la mère de Lotte. Les deux acteurs avaient déjà tourné ensemble, à l'occasion des Harmonies Werckmeister de Bela Tarr (2003).
"On voit beaucoup de drapeaux turcs dans De l'autre côté. Cela vaut la peine d'essayer de les compter. J'imagine que les nationalistes y verront un témoignage de mon amour pour la Turquie, mais je n'ai pas ajouté un seul drapeau. Ils étaient tous là. Je n'ai rien changé aux décors naturels. Je les ai filmés tels quels. J'ai peut-être un peu forcé le trait – mais il y a tellement de drapeaux turcs !" (Fatih Akin)
"J'ai démarré le tournage le 1er mai 2006. On a tourné De l'autre côté en Allemagne – à Brême et Hambourg – et en Turquie – à Istanbul, sur la côte de la mer Noire et à Trabzon.Le tournage a duré environ 10 semaines. Pour un metteur en scène, la Turquie est un formidable décor. L'Allemagne, beaucoup moins. C'est un pays qui peut se révéler séduisant, mais il faut déployer énormément d'efforts pour trouver des lieux intéressants, ou bien les créer de toutes pièces. En Turquie, la lumière est extraordinaire grâce à la situation géographique du pays. Pour moi, tourner à Istanbul, c'est comme tourner à New York. Ce sont deux villes séduisantes et cosmopolites. Chacune d'entre elles est une mégalopole. J'adore filmer les villes. J'ai été élevé dans une grande ville. C'est l'univers que je connais le mieux. Dans De l'autre côté, la ville est un personnage à part entière. Parce qu'elle ne parle pas turc, Lotte, qui est étrangère, se perd en débarquant à Istanbul. Mais je tenais à briser le cadre urbain en insérant des plans de la campagne et du littoral." (Fatih Akin)
Andreas Thiel, qui fait une courte apparition dans le film, est décédé pendant la dernière semaine de tournage du film, le 23 septembre 2006. Ami de Fatih Akin, Thiel avait été son assistant sur Head on et fut également producteur du documentaire Crossing the bridge.
Présenté au 60e Festival de Cannes en Compétition Officielle, De l'autre côté a été récompensé du Prix du scénario, décerné à Fatih Akin.
Le 25 octobre 2007, quelques jours avant la sortie française du film, De l'autre côté a reçu le Prix Lux du Parlement Européen. Ce prix est décerné à un film sensé promouvoir "l'universalité des valeurs européennes, la diversité culturelle du continent et encourager le débat sur l'intégration". Ce prix facilite également la diffusion du film dans le monde grace à une aide accordée pour le sous-titrage dans les 22 autres langues de l'Union Européenne.