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    Cargo, les hommes perdus
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Cargo, les hommes perdus" et de son tournage !

    Genèse

    Pour le réalisateur Léon Desclozeaux, tout a commencé lors du tournage de son précédent long métrage Chittagong, dernière escale (1999). Il se souvient des hurlements terribles qui lui ont donné le sujet de Cargo: "Nous étions au large, de nuit, sur le cargo qui devait s’échouer au petit jour sur la plage de Chittagong, afin d’être ensuite désossé par les ferrailleurs de la mer. J’ai entendu des hurlements terribles, provenant d’un autre cargo mouillé à côté du notre. J’ai demandé au capitaine de notre bateau qu’elle était l’origine de ces cris. Il m’a expliqué que c’étaient ceux des marins abandonnés sur ce navire par leur armateur, qui voulait vendre son bateau sans payer leur salaires et avait donc décidé de les affamer pour qu’ils quittent le navire. Ces hommes étaient là depuis des mois et mourraient de fin. Les hurlements étaient leur cris de douleur et de souffrance", raconte-t-il.

    Inspiré de faits réels

    Le scénario est en majeure partie inspiré de faits réels. En effet, Léon Desclozeaux révèle que l’attaque des pirates et leur arrivée à bord en se servant de prostituées, lui a été racontée par le capitaine d’un cargo russe qui en avait été lui-même victime. Toutes les démarches effectuées par le capitaine Buck dans le film sont ainsi inspirées de situations réelles, tirées du récit de marins ou des personnes ayant été en contact avec des marins abandonnés.

    Un casting crédible

    Pour servir le film le plus crédible possible, Léon Desclozeaux a souhaité travailler avec des acteurs de nationalités et d’origines différentes qui soient ainsi plus représentatifs de la diversité des hommes composant les équipages des cargos. C’est d’ailleurs le cas sur tous les navires battant pavillon de complaisance, puisque les armateurs choisissent des hommes issus des pays les plus pauvres "afin d’être certains de pouvoir les exploiter en toute tranquillité".

    Aux marins abandonnés...

    Pour écrire Cargo, Léon Desclozeaux s'est rapproché de divers organismes spécialisés dans la défense et la protection des "gens de la mer" et des ONG qui tentent d’aider les marins abandonnés, en leur donnant par exemple les moyens financiers d’attaquer en justice l’armateur. Il a découvert que le résultat était souvent contrasté: la plupart du temps, le navire en cause est immatriculé sous un pavillon de complaisance, les marins ne peuvent donc obtenir ni le paiement des salaires dus, ni leur rapatriement dans leur pays d’origine. Des milliers d’hommes se retrouvent ainsi chaque jour dans cette situation désespérée sur des centaines de bateaux, tout autour de la planète.

    Tournage atypique et difficile

    Cargo a été tourné en Thaïlande et directement sur un cargo de 120 mètres de long, ce qui est plutôt atypique. Les difficultés rencontrées lors du tournage ont été multiples: travailler dans la salle des machines, par exemple, où la température avoisinait ou dépassait les quarante degrés en permanence, et où l’espace pour se déplacer était réduit au strict minimum et particulièrement dangereux (à cause des pièces métalliques) et du sol très glissant (à cause de la graisse omniprésente). Pour alimenter correctement les projecteurs, l'équipe du film a également installé un gros groupe électrogène sur la plage avant du cargo avec la possibilité de ventiler la salle des machines et les coursives du bateau, même si la chaleur restait étouffante en plein jour. L'acteur Aurélien Recoing, qui interprète le Capitaine Buck, revient sur les conditions de tournage particulièrement éprouvantes: "Il fallait tourner sur le bateau, dans cette ambiance bien particulière qu’est celle du cargo. Et nous devions souvent jouer les scènes de nuit, dans les cales du bateau. Ces nuits là nous paraissaient, d’ailleurs, interminables mais ces scènes ne pouvaient être tournées de jour. Cela représente des souvenirs très poignants pour moi."

    De la trempe d'un docu-fiction

    Aurélien Recoing souligne également que l'équipe du film était entièrement plongée dans cet univers de marins, puisqu'ils devaient travailler, jour après jour, à côté des ouvriers qui assuraient l’entretien du cargo: "N’oublions pas que la vie devait continuer sur le bateau et qu’elle ne pouvait s’arrêter pour les besoins d’un tournage. Il fallait alors composer avec les bruits du bateau en action. Le monde du cinéma se confrontait et se mélangeait, ainsi, à cet univers dur qu’est celui des marins". Selon l'acteur, cette situation de promiscuité a largement contribué à la crédibilité de l'interprétation, parvenant également à conférer à Cargo une dimension de docu-fiction: " Le fait d’être totalement immergé dans ce monde, de vivre réellement l’histoire que nous étions en train de raconter, mettait l’équipe sous pression et a permis de donner leur force aux images et aux scènes du film. Nous étions entièrement impliqués dans le film, sans échappatoire possible, ce qui a pu offrir un témoignage assez fidèle, je l’espère, de cette vie qu’est celle de beaucoup de marins, confrontés à des difficultés économiques et familiales. Par ailleurs, l’oscillation constante entre fiction et réalité au cours de ce tournage a pu donner cet effet de docu-fiction au film qui convient tout à fait à son optique générale", témoigne-t-il.

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