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Plume231
3 933 abonnés
4 639 critiques
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3,0
Publiée le 9 février 2014
Seule la réalité peut réussir à créer des histoires aussi improbables et aussi tragiquement drôles ou drôlement tragiques. "Le Capitaine de Köpenick" sent bon un cinéma un brin désuet avec sa photo très colorée et ses décors de studio très studios donc difficile de ne pas le considérer comme un film plus que sympathique. En fait, s'il y a un gros défaut à chercher c'est le fait qu'on a l'impression que le réalisateur voulait absolument faire un film d'une durée d'une heure et demie et donc pendant la première heure essaye de nous coudre en parallèle avec l'histoire du protagoniste, incarné par le charismatique et excellent Heinz Rühmann, celle de son futur uniforme. Cela donne un résultat moyen mais ça tient malgré tout grâce à l'acteur principal et aux scènes dans lesquelles il joue. Dans ces dernières, on a le droit à la critique d'une administration tellement absurde qu'elle en paraît très vite kafkaïenne (pas de papiers pas de domicile mais pas de domicile pas de papiers !!!) et aussi à une critique d'une société tellement fascinée par l'uniforme que le fait d'en porter un vous met totalement et stupidement au-dessus des lois aux yeux des autres (difficile de ne pas y voir une mention à une époque malheureusement pas si lointaine !!!). La dernière demi-heure où enfin le personnage principal prend enfin sa revanche sur l'Administration tout en se moquant au passage de l'Armée est donc inévitablement très jouissive. "Le Capitaine de Köpenick" est en conséquence une tragi-comédie critique inégale mais indubitablement agréable.
Voilà une vraie bonne surprise ! Merci Arte !... Un film allemand de 1956 quasi inconnu aujourd'hui mais qui fut un gros succès national à l'époque et qui vaut carrément son pesant de cacahuètes. Inspiré de l'histoire vraie de Wihlelm Voigt qui fit les choux gras des médias en ayant joué un imposteur à la barbe de l'armée prussienne en 1906. Les mémoires de l'interessé sont publiées en 1909, suivirent 11 films (dont celui-ci), 5 pièces radiophoniques, plusieurs sketchs et plusieurs ouvrages divers et variés. Le film se base lui sur une pièce de Carl Zuckmayer de 1930... On suit donc un repris de justice, tout juste sortit de prison qui n'arrive plus à se faire attribuer un passeport par l'administration. Coincé par la lourdeur du système il s'approprie un uniforme d'officier de l'armée prussienne et va se jouer à son tour d'un système soumis à l'empereur et aux règles aussi bien d'obéissance et de bienséance... Emmené dans le rôle titre par Heinz Rühmann (un des plus grands acteurs allemand du 20ème siècle) on est séduit de bout en bout parcette comédie satirique qui se moque de l'armée et de ses règles trop rigides. Pas de rire aux éclats mais un régal de tous les instants avec un scénario aussi futé que son personnage, un comique de situation savoureux bien servi dans un écrin aux couleurs pastels et un joli photographie. Sans doute une des meilleurs surprise allemandes d'après-guerre. A voir et à conseiller.
Contrairement à une idée répandue, l’humour allemand sait être léger. Je me souviens avec quel bonheur nous traduisions « Scènes de la vie d’un bon à rien » d’Eichendorff, « histoire merveilleuse de Peter Schlemihl » de Chamisso ou encore quelques extraits de « Max et Moritz » de Wilhelm Busch. Autant que je sache, Lubitsch était Allemand et son « jeux dangereux » (à l’origine « to be or not to be ») est une des plus délicieuses comédies cinématographiques que j’ai eue l’occasion de voir. « Capitaine Köpenick » vient confirmer qu’un réalisateur allemand sait être drôle sans lourdeur avec toutefois une gravité non feinte. Car, tout compte fait, l’histoire de Wilhelm Voigt se révèle, au départ, singulièrement tragique. La reconstitution de l’Allemagne impériale est digne des meilleurs films français comme les « grandes manœuvres » de notre délicieux René Clair injustement qualifié de cinéaste ringard, ou de « Mam’zelle Nitouche » d’Yves Allégret. Les scènes s’enchainent avec un tempo vif, le jeu des acteurs sonne juste, les prises de vues, les cadrages sont de bonne facture. Seule ombre au tableau, l’histoire de ce pauvre Voigt tend à tourner en rond pendant près d’une heure. Le réalisateur, qui n’a pas le génie de Chaplin, ne parvient pas à pimenter son film de scènes vraiment cocasses et délirantes. Il faut attendre l’épisode du costume pour voir, enfin, le film démarrer sur le cœur de l’histoire. Auparavant, la scène poignante de la jeune fille malade et l’annonce de sa mort vient rappeler qu’en ce temps là, les hospitalisations n’étaient pas répandues comme aujourd’hui. Helmut Käutner n’oublie pas qu’il tourne une comédie. Il évite les musiques pléonasmes et traite le sujet avec concision. Au final, un bon film classique qui se laisse regarder sans ennui mais pas un chef d’œuvre.