La Grosse caisse est une sympathique comédie, qui, par certains aspects, rappelle étrangement Money Train, mais dans un registre tout autre.
L’intrigue est simple : un écrivain en herbe bossant à la RATP, déçu de ne pas avoir d’éditeur pour sortir son manuscrit décide de vendre le scénario à des bandits bien décidés à appliquer à la lettre le casse parfait mentionnés dans l’ouvrage. Ce casse concernant bien sûr le wagon transportant l’argent de la RATP. L’histoire est honnêtement menée et s’avère assez divertissante. Maintenant j’ai tout de même trouvé le rythme assez planplan, l’humour est plus de la légèreté d’ambiance que de l’humour à proprement parlé, et même si le casse est sympa, il n’est pas au niveau des références du genre. En fait La Grosse Caisse possède des moments plaisants, mais dans l’ensemble ça reste un peu timide, pas assez généreux, ne s’élevant pas au-dessus du divertissement simple aux ambitions contrites, peut-être, par le caractère populaire du métrage.
Le casting est bon, avec surtout le duo savoureux Bourvil-Paul Meurisse. Le second est un voleur d’une grande élégance, personnage qui lui va à ravir, Paul Meurisse ayant une classe indéniable, et un jeu à la fois précieux et « bonhomme » qui est assez irrésistible. Bourvil de son côté campe comme souvent un « naïf » pas si naïf, et sa bonne humeur, son jeu un peu dilettante font merveille. Les acteurs portent bien ce film, lui apportant un peu du piquant que l’histoire peine à distiller, et les seconds rôles sont à la hauteur, avec la présence de la méconnue mais charmante Françoise Deldick, qui m’a paru un peu délaissée cependant. Dommage tout de même.
Sur la forme le métrage marque surtout des points par son décor original. Le film se passe largement dans le métro (bien que reconstitué), et il y a de beaux extérieurs de Paris. La Grosse caisse impose une ambiance agréable, bien loin du métro aujourd’hui ! Le noir et blanc est de belle facture, et la mise en scène d’Alex Joffé est tout à fait convaincante, offrant notamment un casse qui aurait pu être plus costaud, plus intense, mais qui s’avère plaisant à suivre malgré tout. A noter une bande son un peu typée, avec une identité, ce qui n’est pas forcément généralisé dans le cinéma populaire du temps, même si elle ne retient pas l’attention plus que ça non plus.
En somme, La Grosse caisse est une honorable comédie, qui divertit mais qui n’appartient pas aux meilleurs morceaux de la filmographie de Bourvil. Un peu trop soft niveau humour, pas forcément très percutant du point de vue de son intrigue et du genre « film de casse », un peu daté dans certains de ses rebondissements (le sort de Bourvil à la fin, c’est super facile tout de même !), cela ne pénalise pas réellement le plaisir qu’on peut prendre devant le film, mais tout de même. 3