Les temps sont décidemment bien durs pour la Warner et son DC Extented Universe… surtout à l’aune de l’incommensurable succès du rival Marvel ! Il y a fort à parier que ce projet tardivement mis en place pour tenter de surfer (maladroitement) sur la vague des films de super-héros sera, un jour, un cas d’école de ce qu’il ne faut pas faire. Marvel a attendu 4 ans et 5 films de haute tenue pour lancer son "Avengers". DC Comics nous sort son "Justice League" moins de deux ans après "Batman Vs Superman" (étant rappelé que "Man of steel", sorti 3 ans avant, est devenu, bien malgré lui, le premier film de l’univers étendu) et malgré des films de qualité très inégale (voire franchement descendus par les fans). Tout est dit ou presque… Rajoutez à cela des problèmes systématiques de préproduction et de post-production, avec une multitude de réécriture de scénario et de reshoots qui change totalement la physionomie du projet en cours de route, on se demande bien comment la Warner peut espérer égaler Marvel. Pourtant, esprit de contradiction oblige, je fais partie des quelques irréductibles à avoir plutôt bien aimé "Batman VS Superman" et à espérer que, malgré son retard, DC Comics parviendra à trouver son rythme de croisière. Ce n’est pas, malheureusement, pas ce "Justice League" qui viendra me donner raison. Car, sans parler, comme les haters pullulant sur Twitter, de bouse intersidérale, il faut bien reconnaître qu’il n’y a pas grand-chose à sauver ici. Le scénario (comme toujours, remanié y compris en cours de tournage) ne peut que provoquer la tristesse de ceux qui avaient cru que la noirceur de DC Comics trouverait, ici, son apogée. Sans doute échaudée par les réactions de "Batman VS Superman", la Warner a clairement édulcoré le propos en éjectant le méchant Darkseid (pourtant annoncé par l’opus précédent) de l’histoire au profit de Steppenwolf, un sous-fifre en CGI bas de gamme sans charisme, ni intérêt. Elle a, par ailleurs, injecté une bonne dose d’humour en sacrifiant, souvent, la densité des personnages sur l’autel de la rigolade (Aquaman étant la première victime de ce parti-pris). Elle a, enfin, refusé toute complexité scénaristique au profit d’une intrigue archi-limitée qui s’inspire grandement de celle du modèle "Avengers" (un méchant extraterrestre attaque la Terre ? Vite réunissons des super-héros qui n’ont pas encore eu droit à leur film solo). La précipitation dans laquelle le film a été mis en chantier est criante à chaque plan, des effets spéciaux franchement moches aux choix artistiques discutables (la photo est, de manière générale, assez épouvantable) en passant par un montage anarchique dénonçant les réécritures successives et un saccage des nouveaux personnages qui n’ont, bien évidemment, pas le temps nécessaire pour être correctement présentés. Aquaman (Jason Momoa) est une brute marrante venu d’un autre temps (une sorte de sous-Thor), Cyborg (Ray Fisher) est d’une fadeur coupable, le Commissaire Gordon (J.K. Simmons) est sans intérêt… Seul Flash bénéficie de l’aura si particulière de son interprète (Ezra Miller) et d’un semblant d’écriture (sa solitude, son père, son humour rafraîchissant…). Quant aux illustres anciens, il assure le taf même s’ils n’ont pas l’occasion de faire évoluer particulièrement leurs personnages, que ce soit Ben Affleck en Batman vieillissant (qui reste un des rares bonnes surprises de l’univers étendu pour moi), Gal Gadot en Wonder Woman (toujours impeccable mais forcément moins dense que dans son film solo) ou même Henry Cavill en Superman qui s’offre le retour le moins surprenant de tous les films de super-héros ! Ce come-back est, d’ailleurs, à l’image du film : totalement bâclé ! "Justice League" partait, donc, déjà, avec de sérieux handicaps… et la malchance a achevé d’en faire un projet maudit ! Entre le départ en cours de tournage de Zack Snyder (pour un motif bien légitime) qui a laissé la place à Joss Whedon (le réalisateur de "Avengers", comme c’est curieux !) et ainsi, entraîné une refonte considérable du film, puis la fameuse affaire de la moustache d’Henry Cavill (effacé numériquement avec un succès très relatif et un bon gros bad buzz à la clé), difficile d’espérer accoucher d’un bon film. C’est, donc, en toute logique que "Justice League" a raté le coche, ce qui devrait mettre sérieusement à mal la suite du DC Extended Universe. Une fois encore, le film n’est pas, pour autant, une bouse et se regarde sans déplaisir, avec ses séquences de combats un peu creuses mais explosives, ces quelques punchlines amusantes
(Flash demandant à Batman quel est son super-pouvoir et s’entendant répondre : "Je suis riche")
, quelques séquences éparses qui laissaient augurer du meilleur
(le regard haineux lancé par le revenant Superman à Flash lors de son attaque)
ou encore le petit plaisir coupable qu’on ressent tout de même à voir les super-héros de notre enfance réunis à l’écran. C’est peu…