Sept ans après les Avengers, les cousins d’en face sortent de leur léthargie et se décident enfin à s’unir pour le All-Star Movie qui devait permettre aux adaptations DC Comics de prendre définitivement leur envol...ou, dans le cas contraire, mettre un terme tout aussi définitif à de telles tentatives! Le label part de plus loin que Marvel car, si on excepte les deux premiers Batman de Nolan et, dans une moindre mesure, le sympathique Wonder woman, l’écurie DC n’a pas été capable d’offrir jusqu’ici le moindre blockbuster de haute-volée alors que le premier Avengers pouvait se reposer sur des franchises bien installées qui bénéficiaient d’une certaine bienveillance critique. Ironie du sort, pour remplacer un Zack Snyder empêché de conclure pour raisons familiales, c’est justement Joss Whedon, maître d’oeuvre du premier Avengers, qui a été recruté pour poser la dernière couche sur le projet. La coïncidence est d’autant plus amusante qu’on a la vague impression que chaque justicier de la Ligue est un mélange de plusieurs Avengers : Batman est riche comme Iron Man et compense son absence de superpouvoirs par un sens tactique exceptionnel comme Captain America ; Superman est droit et honnête comme Captain America et invulnérable comme Thor ; Aquaman est un succédané de Thor avec l’humour et l’arrogance d’Iron man, tandis que l’immaturité et l’humour involontaire de Flash le rapprochent de la dernière incarnation en date de Spiderman. Il n’y a finalement que Wonder Woman pour apporter une petite touche d’originalité à ce rassemblement de surhommes décidément bien conventionnel. Malgré certaines faiblesses inexcusables (comme des CGI parfois anormalement pourris), ‘Justice league’ n’est pas à proprement parler un mauvais blockbuster : le spectacle et le divertissement sont de la partie, quoi qu’on en dise, et le fait qu’on n’entre que lentement dans le vif du sujet peut se justifier par l’obligation scénaristique de trouver, d’intégrer et de faire cohabiter les différents membres de l’équipe en vue d’aventures ultérieures. Mais pourquoi les héros, qu’ils aient ou non déjà eu droit à leur film à eux, sont-ils aussi sommairement caractérisés ? Pourquoi Steppenwolf, réduit au statut de diable qui sort de sa boîte la tête farcie de plans de conquête du monde, est-il à ce point incolore ? Pourquoi, à chaque fois qu’on pressent un possible climax émotionnel ou même simplement un choc visuel iconique, ‘Justice league’ semble-t-il incapable d’amener ces visions à maturité ? Une partie de ces reproches peut s’expliquer par le fait que ‘Justice league’ est le premier Opus magnum mettant en scène ces personnages et qu’il a donc pour vocation d’essuyer les plâtres...mais cela ne justifie pas l’indifférence un peu blasée qu’on éprouve à l’égard d’un film, dont on n’attend certes pas de stimulation intellectuelle prolongée mais au moins un peu d’éclat. Si ‘Justice league’ n’est pas la catastrophe que son mauvais score au box-office laissait présager, il échoue à imposer un ton, un esprit et un univers qui lui soient propres, et se contente de courir sans grande conviction derrière la recette que leurs concurrents de chez Marvel pratiquent, avec une maîtrise consommée, depuis plus d’une décennie.