En 2010, le film est recompensé par l'Oscar des Meilleurs Costumes, créés par Sandy Powell.
Lorsqu'on lui a proposé l'idée des Jeunes Années d'une Reine, le producteur oscarisé Graham King était en train de produire Les Infiltrés de Martin Scorsese. Il rencontre alors Sarah Ferguson, duchesse d'York, qui lui parle de son désir de montrer la reine Victoria sous un angle différent de celui de la veuve vêtue de noire: "J'ai trouvé l'idée intéressante, et j'en ai parlé à Martin Scorsese qui m'a fait remarquer que cela n'avait encore jamais été fait. J'essayais de faire un film en Angleterre depuis quinze ans, mais jusqu'ici je n'avais pas encore trouvé le bon scénario, le bon sujet, l'émotion et la passion. Cette fois, c'était différent.", explique t-il. S'intéressant depuis plusieurs années à l'histoire de la reine, le scénariste également oscarisé Julian Fellowes se propose d'écrire le scénario. Séduits, King et Scorsese acceptent et six mois plus tard, le scripte est prêt. Parfait, il satisfait complètement les producteurs qui comprennent que le scénariste est "né pour écrire cette histoire".
La reine Victoria, qui a régné 63 ans et 216 jours de 1837 à 1901, est l'arrière-arrière-grand-mère de la reine Elizabeth II et du duc d'Edimbourg, l'époux de la reine Elizabeth II. La reine d'Angleterre est actuellement le plus âgé des monarques au pouvoir, et compte le troisième plus long règne des 1300 années de l'Histoire anglaise. Elle devra régner jusqu'en 2012 pour régner plus longtemps que George III, qui est resté sur le trône 59 ans, de 1760 à 1820, et jusqu'au 9 septembre 2015, quand elle aura 89 ans, pour battre le record de la reine Victoria et devenir le monarque qui aura régné le plus longtemps.
Fasciné par la Reine Victoria avant son règne puis dans ses jeunes années, Julian Fellowes a voulu montrer un tout autre aspect de sa vie, de l'année qui précède son accession au trône à 1840, l'année où elle épouse le prince Albert. Le cinéaste donne ainsi une image à mille lieues du portrait de la vieille veuve habillée de noir, au profit de l'esquisse d'une jeune fille romantique, aimant la danse et la musique. Il souligne également les tenants et aboutissants de sa venue sur le trône, le bouleversement qu'elle a provoqué et les conflits avec sa mère.
Au moment de l'écriture du scénario, Graham King, à la recherche du réalisateur, a eu l'occasion de voir C.R.A.Z.Y. de Jean-Marc Vallee. Impressionné par son talent visuel et y voyant un peu l'empreinte de Martin Scorsese, il a montré son travail à ce dernier, séduit également. Graham King a ensuite rencontré et constaté qu'ils avaient la même approche de l'histoire. Passionné par le scénario, le cinéaste très demandé en proposait une vision nouvelle: "Notre objectif a toujours été de faire oublier aux gens qu'ils regardent un film historique après les quinze premières minutes, et de leur donner envie d'aimer Victoria et la famille très humaine qui l'entoure", résume le coproducteur Denis O'Sullivan.
Aimant explorer ce qu'il se passe sous la surface des drames familiaux, Jean-Marc Vallee a trouvé son bonheur avec le scénario de Victoria: les jeunes années d'une reine. Sujet universel quels que soient les époques et contextes, le film ressemblait dans sa thématique à C.R.A.Z.Y.. L'histoire d'amour et la personnalité de la reine ont en outre beaucoup séduit le réalisateur. De son côté, le scénariste Julian Fellowes admirant sa décontraction et sa narration visuelle, s'est à son tour senti en confiance, appréciant particulièrement l'ampleur de certaines scènes mises en image.
C'est après avoir vu tous les films d'Emily Blunt que Graham King a vu en elle la "parfaite" Victoria. Contacté dès le début par l'agent de l'actrice qui tenait à ce projet, le producteur a été largement convaincu : "C'était la meilleure actrice possible pour ce rôle. Peu après cette rencontre, Martin Scorsese et moi sommes allés à la cérémonie des Golden Globes, et quand Emily est montée sur scène pour recevoir son prix pour le téléfilm Gideon's Daughter (TV), Martin s'est tourné vers moi et m'a dit : " C'est notre reine Victoria "". Jean-Marc Vallee a également compris en la voyant que l'actrice était faite pour le scénario et avait parfaitement compris le personnage. Les premiers essais dépassant largement ses espérances, il a apprécié sa photogénie, son talent et les nuances de son jeu.
Les cinéastes ont ensuite cherché celui qui allait interpréter Albert. Après avoir envisagé de jeunes acteurs européens, ils ont choisi de privilégier l'alchimie pouvant exister entre les deux acteurs : assis face à Emily Blunt pour les essais, Rupert Friend s'est tout de suite imposé. Jean-Marc Vallee commente : " L'apparence et le jeu d'acteur de Rupert collaient exactement à l'image que je m'étais faite d'Albert. Il a parfaitement saisi le personnage et a fait pas mal de recherches sur lui, en plus d'avoir pris son accent et son maintien. Il a vraiment le physique du rôle, il a l'air tellement romantique ! " Ayant à coeur de souligner la relation passionnée et entière unissant le couple royal, le réalisateur a marqué la différence entre public et privé, l'accentuant à travers les costumes et maquillage que portent les acteurs et rendant ainsi leur lien encore plus humain. Rupert Friend a pris des leçons de danse, de calligraphie et d'archerie pour jouer son rôle le plus fidèlement possible. Il raconte : " J'ai aussi pris des cours de diction et avec un professeur d'allemand. Nous avons travaillé sur l'accent et je me suis entraîné à parler en allemand parce que c'est la langue dans laquelle se parlent Victoria et Albert. " Fan d'Emily Blunt, Rupert Friend a été friand de ses interprétations réalistes et de très grande qualité.
Pour le personnage de Lord Melbourne, l'acteur caméléon Paul Bettany a tout de suite intéressé les producteurs. De son côté, bien que très différente de son personnage, la douce actrice Miranda Richardson a été choisie pour interpréter la froide duchesse de Kent : " Nous avons tous été stupéfaits par l'alchimie entre Emily et Miranda, leurs scènes étaient si réalistes et intenses que nous en étions saisis sur le plateau," racontent les producteurs. C'est après avoir vu sa prestation dans Syriana, que Graham King a tenu à engager Mark Strong pour interpréter Sir Conroy, qu'il voyait comme un alcoolique, un profiteur qui se cramponne aux femmes de pouvoir pour lesquelles il travaille: la duchesse de Kent et la princesse Victoria. L'acteur a étonné l'équipe sur le tournage, par sa composition de méchant personnage, originale et nuancée.
Si en raison des coûts de production en Angleterre, Graham King avait envisagé de tourner en Europe de l'Est et en Allemagne, il a vite changé d'avis et décidé qu'il était essentiel de tourner en Grande-Bretagne pour rendre le film le plus authentique possible. Le film a ainsi été tourné dans les décors naturels de 17 lieux à travers toute l'Angleterre, parmi lesquels Blenheim Palace, Hampton Court Palace, Arundel Castle, Lincoln Cathedral, Ham House, Lancaster House, Belvoir Castle, Wilton House, Ditchley Park et Balls Park. Denis O'Sullivan raconte : "Sur 50 jours de tournage, je crois que nous avons tourné 37 jours en décors naturels. C'était très important de filmer dans ces lieux parce qu'ils vous transportent immédiatement. (...) Sur ce film, nous voulions que le public ait vraiment le sentiment de voir ce que c'était que d'être une reine, il était donc capital de tourner dans un maximum de décors d'époque." Si pour représenter Buckingham Palace, la production a choisi Blenheim Palace, les intérieurs ont été tournés au Belvoir Castle, à Ditchley House et à Lancaster House.
Pour recréer fidèlement cette époque et s'assurer que l'étiquette et les détails historiques étaient exacts, les cinéastes ont travaillé avec le conseiller historique Alastair Bruce. Fasciné par les détails, qui selon lui affectent le subconscient des acteurs, ce dernier a veillé à ce que tout soit fidèle à l'époque jouée et que les " regalia " (les objets symboliques de royauté) soient bien placés et utilisés. Apportant une aide précieuse à Jean-Marc Vallee, il a été une grande source d'information pour tous. Pour les costumes et les décors, les cinéastes ont reçu l'aide et le soutien de la cristallerie Swarovski. Des éléments en cristal de Swarovski ont été intégrés au sceptre et à la bague du couronnement, et plusieurs bijoux des archives de la collection Swarovski ont été utilisés pendant le tournage, parmi lesquels le diadème spectaculaire de Victoria.
Son Altesse Royale la Princesse Béatrice d'York, fille de Sarah Ferguson et du prince Andrew, et descendante de la reine Victoria, a passé une journée sur le plateau, jouant le rôle d'une dame d'honneur dans la scène du couronnement de son arrière-arrière-arrière-arrière grand-mère. Cinquième dans la liste d'accession au trône, elle est ainsi le premier membre de la Famille Royale à prendre part au tournage d'un film. Graham King se souvient : "J'avais discuté avec Sarah Ferguson de la possibilité de faire jouer sa fille dans le film. Je trouvais l'idée plutôt sympathique. Ma fille apparaît juste à côté d'elle," raconte t-il.
D.J à ses heures, Jean-Marc Vallee a soigné tout particulièrement ses choix musicaux pour le film, liant le rythme du film à sa musique: "J'aime créer la structure de mes films en choisissant moi-même la musique et le bon équilibre. Je voulais combiner des morceaux classiques avec un esprit rock" , explique t-il. Sur le plateau, le réalisateur passait souvent des morceaux du groupe islandais Sigur Ros et des The Rolling Stones pour créer une ambiance avant de tourner une scène. Il a tenu à donner à chaque acteur une chanson différente à écouter pour les aider à préparer leur rôle. Celle de Paul Bettany, qui interprète Lord Melbourne, était "The Best Is Yet To Come" de Frank Sinatra, et celle d'Emily Blunt était "Trouble" de Cat Stevens. Denis O'Sullivan raconte : "Jean-Marc a des goûts musicaux fabuleux. (...) Certaines séquences de Victoria: les jeunes années d'une reine sont liées et portées si adroitement par la musique qu'on en oublie qu'on regarde un film d'époque.(...) La combinaison du talent musical de Jean-Marc avec l'expérience de monteuse de Jill Bilcock sur des films comme Moulin Rouge, a créé une alchimie étonnante qui fonctionne très bien avec la musique du film composée par Ilan Eshkeri, rajoute t-il.