À l’instar du récent “Bon baisers de Bruges”, “Braquage à l’anglaise” est ce que l’on peut appeler un film mal vendu, handicapé par un titre français trompeur. En effet, alors que celui du polar de Martin McDonagh le faisait passer pour une parodie de James Bond, celui du long métrage de Roger Donaldson le présente comme la suite de “Braquage à l’italienne”. Sauf que ce n’est absolument pas le cas, et ce malgré la présence de Jason Statham aux deux génériques, dans la mesure où ce “Braquage à l’anglaise” se déroule en 1971, année au cours de laquelle les services secrets anglais auarient organisé le casse d’une banque, afin d’y récupérer un jeu de photos compromettant un membre de la famille royale. Partant de cet acte jamais prouvé, secret d’état oblige, les scénaristes mêlent mythe et réalité pour tisser une histoire solide où les rebondissements s’enchaînent sans temps mort, dès lors que, forcément, les choses tournent mal. Car en vidant les coffres de la Lloyds Bank, Frank et ses complices ne se doutent pas qu’ils mettent le doigt dans un engrenage où les attendent services secrets, mafieux et roi du porno. C’est à ce moment-là que Roger Donaldson prouve qu’il a encore quelques atouts en main, en teintant son long métrage d’une étonnante noirceur, qui tranche avec le côté un poil plus léger du casse, du à la relative inexpérience des braqueurs. Menés par un Jason Statham en grande forme, et qui confirme quelques-uns des espoirs placés en lui, les comédiens, majoritairement inconnus, qui interprètent les malfrats, s’amusent tout en délivrant une performance aussi remarquable que le film lui-même. Ancré dans le milieu social des protagonistes, à défaut d’insister sur le contexte de l’époque, ce dernier parvient à faire sauter la banque sans esbroufe, et sans chercher à copier la recette classe et décontractée d’un “Ocean’s Eleven”, dont il parvient tout de même à approcher le niveau de qualité. Pas le casse du siècle donc, mais peut-être celui de l’année.