En 2009 Tom Hooper, pour son deuxième long métrage, s'attaque au monde du football, plus précisément au parcours de Brian Clough, illustre entraîneur britannique des années 70 ayant brillé avec le club de Derby County puis repris les rênes de Leeds, le plus grand club anglais de l'époque. Hooper traite ce sujet avec beaucoup de passion et d'investissement, la retranscription historique se veut fidèle et il mise avant tout sur l'intimisme de cette histoire passionnante, sans la grandiloquence du "Invictus" de Eastwood sorti la même année. Le parcours de Clough m'était totalement inconnu et je dois dire qu'une fois le film terminé je me suis précipité pour m'amuser à comparer avec les archives disponibles sur le net, oui cette histoire m'a vraiment passionné, son épopée est tellement incroyable, une sorte de mélange entre celui de Guy Roux et José Mourinho. Clough était un vrai personnage, autant prétentieux que professionnel, mais comme il est suggéré dans le film la gloire se partage et ne doit pas s'auto-attribuer, il est aveuglé par son ambition et en oublie l'aide les fondamentaux, représenté par son adjoint Peter Taylor. On a autant de peine que de mépris pour Clough, on ne sait pas vraiment comment le juger, mais il en reste irrésistiblement attachant et Michael Sheen (Tony Blair dans "The Queen") l'interprète superbement avec un jeu tout en malice, Timothy Spall (récompensé à Cannes pour son rôle dans "Mr Turner") livre une prestation en tout point excellente en Peter Taylor, d'ailleurs de manière générale le casting est de grande qualité comme Colm Meaney ("The Van") ou Stephen Graham ("This is England"). La réalisation de Hooper ne tombe pas dans la feignantise et montre beaucoup de richesse et d'astuces (notamment avec ce découpage non linéaire grâce aux différents flashbacks), le tout avec un très bon rythme, sincèrement on ne s'ennui pas une seconde, même ceux qui ne s'intéressent pas au football devraient apprécier. "The Damned United" est un excellent film, informatif et scotchant, qui méritait à mon sens plus de considération que son académique "Discours du Roi".