Le film aborde une dépression de plus en plus profonde, qui mènera son héroïne, une bobo ennuyeuse et ennuyée de vivre, à entreprendre une guérison à travers une communauté sectaire, dont les membres eux aussi se sentent rongés par... la pollution de l'environnement. Guérison de plus en plus incertaine, aux vue des stigmates de Julianne Moore, toujours plus dévastée... L'actrice s'est sentie le devenir (dévastée) en interprétant le rôle, et réussit en effet à nous faire éprouver avec elle son chemin de croix ésotérique, intime et mystérieux... Ce pourrait être intéressant si le personnage qu'elle incarne avait une once de personnalité, de mystère, de chair... quelque chose à sauver, malheureusement le scénario la condamne dès le début, en faisant d'elle une femme soumise à sa condition de grande bourgeoise au conforrmisme médiiocre. Elle n'est pas aimable, et le film devient vite déplaisant, car complaisant dans la démonstration du néant qui l'habite. Aucune motivation ne viendra poindre pour la sauver de son état toujours plus sombre. Elle incarne, dès le début (la scène d'amour avec son mari), la morbidité, la mort, l'absence de raison de vivre (si, elle va se bouger pour changer le canapé qui lui a été livré de la mauvaise couleur...)... Qui a-t-il à sauver si ce n'est la mise en scène, froide, glaciale, qui délaye ce vide absolu avec une grande maestria, nous rappelant sadiquement que ce que tout ce qui nous est infligé à l 'écran est maîtrisé, voulu, contrôlé ? Mais ne laissant ainsi pas la moindre faille où s'engouffrer pour le spectateur. Impossible d'échapper à cette peinture d'une déchéance inéluctable. En l'absence béante d'enjeu affirmé, on en vient à croire que c'est ce qui a intéressé Todd Haynes : réussir la pousse de nous intéresser à une anti-héroïne qui n'a ni envie ni de raison (bonjour son mari!) de survivre à sa chute… Bref, voilà un film que j'ai du mal à haïr parce qu'il renvoie une volonté de déranger évidente (et efficace!), mais que je déteste pourtant sans équivoque, et que j'ai vu d’un œil vomissant avec au final l'ennui agacé que procure les provocations gratuites. Ecoeuré d’y voir peut-être le reflet d'une humanité désincarnée, décharnée, telle que je n'aurai pas envie de la voir ? À voir à vos risques et périls existentiels...