Tout l'humour Mitteleuropa: la vie est tellement merdique qu'il vaut mieux commencer par en rigoler. C'est un film mille-feuilles: une couche dans les années 30, une couche vingt ans après. L'irrésistible ascension de Jan qui a un but: devenir riche. Le voilà serveur dans un lupanar de luxe, l'hôtel Silence, où de riches industriels vont baffrer -et la suite- en compagnie de beautés peu farouches, puis à l'hôtel Paris -le plus beau palace de Prague, sous la direction de Monsieur Rossignol, le pape des maîtres d'hôtel qui, autrefois, a servi le roi d'Angleterre. Le cher garçon a un petit plaisir: jeter discrètement quelques piécettes pour voir ces clients richissimes se mettre à quatre pattes afin de ne pas laisser perdre quelques centimes... Voilà l'annexion des sudètes. Le ton grince de plus en plus. Jan tombe amoureux d'une gretchen, c'est mal vu à l'hôtel Paris mais Jan a choisi le bon côté et c'est l'inflexible Monsieur Rossignol qui s'en va avec la police allemande. Jan retrouve l'hôtel Silence, transformé en centre de procréation où les beautés blondes se font engrosser par de robustes soldats. Puis, en centre de rééducation pour blessés de guerre, où des malheureux estropiés ont remplacé les beaux aryens. Le film grince comme un vieux vélo. Après la guerre, grâce à la vente des timbres de collection pillés par Gretchen chez les familles juives, Jan peut racheter l'hôtel Silence, l'apothéose.... jusqu’à l'arrivée de deux communistes qui lui annoncent la confiscation de ses biens assortie de 15 ans de prison. Et qui retrouve-t-il en prison? les noceurs de l'Hôtel Silence, avec lesquels il va jouer aux cartes : il fait enfin partie du cercle, le rêve est réalisé, Jan a réussi.... Les deux acteurs, le jeune: Ivan Barnev et le vieux: Oldrich Kaiser sont épatants. Le film est épatant, avec un quart d'heure de trop, des longueurs dans la phase ascendante de notre héros. Mais ça fait du bien de retrouver ce cinéma là avec sa personnalité, son originalité, son ton.