J'ai eu du mal à attribuer une note à ce film.
On a d'un côté d'excellents atouts : une réalisation admirable, une photographie superbe et un noir et blanc très bien choisi, et évidemment un excellent jeu d'acteur. Le film est assez prenant, malgré quelques flottements.
Je ne parviens cependant pas à saisir la portée morale du film : s'agit-il d'une simple peinture sociale, décrivant la vie dans les banlieues, ou bien d'un film moraliste à la Disney ? Le nom du réalisateur m'a fait opter pour la seconde option. La première aurait été préférable.
Faisons-en donc la critique. "La Haine" est bourré de clichés du début à la fin, et surtout s'enferme dans un manichéisme ridicule. Il y a les gentils immigrés qui ont été méchamment parqués dans des tours de béton et qui ne demandent que leur acceptation dans la société, de l'autre les méchants policiers violents et souvent alcooliques (
scène du commissariat, très difficile à regarder même quand on est plutôt du côté de la police
) ; entre eux, le peuple français non-immigré, représenté de manière on ne peut plus caricaturale par, entre autres,
les visiteurs de la galerie d'art contemporain
.
Il y a une scène que je trouve hautement représentative du film :
celle où deux jeunes femmes, visiteuses de la galerie d'art contemporain, sont accostées chaleureusement par les deux protagonistes. La confrontation, au-delà de ses stéréotypes évidents, illustre à merveille l'entièreté de ce métrage : les deux parties sont incapables de se comprendre, véritablement. Vinz et Saïd sont extrêmement agressifs, irrespectueux au possible, vulgaires. En face, les deux jeunes femmes sont presque amusées de voir ces hommes si peu subtils, dont les manières de faire diffèrent tant des leurs. Au bout d'un moment, le petit jeu cesse, une des deux femmes s'énerve, et Vinz part, comme d'habitude, au quart de tour, commence à insulter et menacer. Les trois hommes quittent la galerie en cassant tout ce qui leur passe par la main. Le choc des civilisations. Huntington résumé en deux minutes.
Tout au long du film, les protagonistes seront d'une vulgarité, d'une agressivité et d'un irrespect sans limites, qui faillit me faire arrêter la lecture en cours de route. C'est insupportable à regarder. Ils crachent partout, insultent tout le monde tout le temps, lancent des menaces en l'air à l'encontre de policiers boucs-émissaires.
Surtout, à aucun moment, aucun, absolument aucun, Vinz et Saïd ne se rendent compte que le problème vient peut-être d'eux. Que le meilleur moyen d'être accepté dans un environnement nouveau, c'est de le respecter. Des trois personnages, Hubert est celui que j'ai trouvé le plus intéressant : partagé entre la violence d'une cité qui le pousse à la haine envers la police, et la rationalité de savoir que la situation n'est pas que manichéenne ; il est le seul à utiliser ses méninges pour réfléchir, là où les deux autres se contentent de balancer de petites réflexions se voulant philosophiques mais n'exprimant que leur absence totale de discernement.
Ma note de 2/5 est probablement généreuse. Je refuse cependant de descendre en-deçà, au vu de la qualité de la réalisation.