Je ne suis pas le premier à le dire mais ce film fait l'effet d'un coup de poing, j'ai été en apnée pendant 1h30, presque incapable de dire s'il s'agissait d'un docu ou d'un film. Ce qui est frappant c'est la facilité avec laquelle Kassovitz arrive à capter la réalité des banlieues, à montrer la réalité de jeunes désœuvrés, perdus entre l'absence d'avenir, l'incompréhension avec la police et la résignation. Mais le tout est fait sans concession, le film ne cherche pas à victimiser, à les présenter comme des saints, ils se battent, s'énervent pour rien, parlent mal, volent, n'ont que peu de respect. Le personnage de Hub par exemple semble être la raison du groupe, mais pas tant que ça au final. Idem avec la police, on voit des flics compréhensifs, qui doivent juste faire leur boulot, et d'autres qui se prennent pour des cowboys.
On suit la journée de ses 3 jeunes, on alterne entre le drame, la tension, le repos, le comique. Le film brasse un peu toutes les tensions qui peuvent exister, il arrive à un tour de force, celui de capter la réalité des banlieues en ne montrant qu'une suite d'évènements sur une journée. D'ailleurs, comment ne pas faire le parallèle avec les émeutes de 2005, c'est là qu'on voit que le film avait tout compris.
J'ai dit que Kassovitz ne fait pas de concession, il ne fait pas de politique, et cela se ressent jusque dans sa réalisation. Le parti pris du noir et blanc, des caméras posées, des mouvements de caméras exagérés, il se permet tout, et ça donne un incroyable chaudron à idées. Des fois ça ne fonctionne pas, des fois c'est poussé à 200% et on y croit comme le plan qui amène sur le pistolet.
La Haine c'est la preuve que le cinéma français fait des choses géniales. Un film à voir absolument.