Les lumières s'éteignent, la scène s'assombrit , le trac s'évapore, c'est l'heure de rentrer sur se présenter aux public, ou plutôt de le refaire, bien des années après la gloire, pour Ginger et Fred, deux anciens danseurs de claquettes, qui reviennent quarante ans après leurs débuts pour la télévision.
Alors au crépuscule de sa carrière, le génial cinéaste italien propose une virée mélancolique où il évoque notamment l'évolution du spectacle au fil des années, où la télévision souvent au rabais ou encore les publicités à outrance et envahissantes ont pris le pas sur le reste. Néanmoins, derrière cette satire de la société de consommation des années 1980 se cache une petite pépite mélancolique et teintée d'émotion, mais aussi de rire, à travers des retrouvailles bien particulières.
C'est là aussi la force du cinéma de Fellini, c'est de combiner avec justesse et finesse le propos et les émotions, et il arrive à en faire ressortir de ce couple qui va se retrouver bien des années après. Comme souvent, chez le cinéaste italien, on retrouve une galerie de personnages aussi passionnante que haute en couleurs, à l'image des sosies ou des nains, et il nous immerge dans cet univers avec un bonheur contagieux, et on se retrouve imprégné d'une ambiance forte et particulière, souvent émotive, rêveuse et nostalgique alors que l'on plonge dans cet univers qu'il arrive à rendre si fascinant.
Ginger et Fred marque aussi les retrouvailles devant l'écran de Fellini avec sa femme Giulietta Masina, alors qu'il ne l'avait plus fait tourner depuis 20 ans et qui se révèle, comme Marcello Mastroianni, très émouvant et juste. C'est notamment par le biais de la satire de la télévision et de la vulgarité que l'oeuvre arrive à se faire drôle, tandis qu'il met aussi en avant les douleurs passées, les occasions manquées et surtout le temps qui passe, tant pour lui que ses acteurs ou personnages, dans une oeuvre finalement pas vraiment optimiste, mais qui laisse toujours place aux rêves et espoirs les plus fous.
Avec Ginger et Fred, Federico Fellini règle ses comptes avec la télévision et propose une satire, toujours d'actualité malheureusement, émotive, drôle et mélancolique, où il retrouve sa femme pour l'un de ses derniers tours de pistes.