Le Chaos a été présenté en Compétition officielle à la Mostra de Venise 2007 et au Festival du Film International de Toronto de la même année.
"Dans Le Chaos, je tente de mettre le doigt sur le destin de mes compatriotes, qui ont si peu à dire en ce qui concerne les affaires du pays. Démunis de presque tout, éducation, moyens de communication, ils souffrent d'une lourde répression imposée par le pouvoir. Certaines manifs ressemblent à des mini guerres civiles où quelques manifestants font face à quatre ou cinq mille CRS locaux. Il suffit d'observer la misère dans laquelle vivent la plupart des familles pour réaliser que, dans toutes les autocraties, c'est le peuple qui paye le prix fort. Les autorités menacent les populations au nom de la discipline pour étouffer toute liberté. Et c'est cette pagaille qui gère tout le Moyen Orient."
Du propre aveu de Youssef Chahine, le film attaque violemment le pouvoir en place. "Si je refuse les coupes, explique le réalisateur, la censure a les moyens d'arrêter totalement le film. Quand la censure me coupe une partie de mon film, j'ai l'impression qu'on me coupe une partie de mon corps. La censure fait des choses hors la loi qui vont à l'encontre de la liberté d'expression. Parce qu'il y a des gens qu'on emmerde, souvent des écrivains. Il y a toujours la maladie du pouvoir. C'est une maladie. Il y a toujours des milices, la première milice étant les CRS. J'analyse comment les gens qui arrivent au pouvoir, ça leur monte à la tête. Même les acteurs, dès qu'ils ont tourné quelques pubs et qu'ils deviennent un peu connus. C'est exactement ce contre quoi je résiste. Ça touche aussi les gens du parlement, les ministres, et c'est très grave. Je suis toujours très violent contre le pouvoir, je ne mâche pas mes mots, jedis les choses directement."
Très malade lors du tournage, Youssef Chahine a dû se reposer sur Khaled Youssef, coscénariste notamment de Alexandrie... New York. Le cinéaste raconte leur collaboration : "J'ai une confiance totale en Khaled, parce qu'il fait beaucoup d'efforts pour suivre mon style. Notre collaboration a commencé dès le scénario. Bien sûr, il a son caractère mais il a su tourner les scènes comme je les ai voulues. Khaled le fait magnifiquement bien : on ne peut pas savoir si cette scène est une de Khaled ou une des miennes. Mais dans ses films, on ne retrouve pas mon influence... à part le côté technique et la beauté de l'image."
Le Chaos s'est essentiellement tourné au Caire, la capitale égyptienne chère à Youssef Chahine.