Cette fable éclectique est un véritable régal, une incursion dans un univers de folie douce. Park Chan-wook fait de nous, durant une heure et demie, les pensionnaires de cet hôpital psychiatrique bien particulier, nous dépeignant de multiples portraits (dont vous augurez de la teneur en lucidité), tous attachant de par leurs différentes déviances. La beauté transparaît dans ces humains tordus, décalés et dans leur relation au monde. La folie s'efface, devient réalité, et nous plongeons dès les premières secondes dans le délire de cette joyeuse bande de freaks. Mais, même si le propos est toujours léger, oscillant entre romance et comédie, parfois la violence propre au Maître s'insinue au détour de quelques scènes, nous rappelant que c'est tout de même un Park Chan-wook que l'on à sous les yeux.
De plus, mais c'est une marque de fabrique chez le réalisateur, le film est techniquement impressionnant. Chaque détail est maîtrisé, chaque plan, léché au possible, devient un tableau en mouvement, éclatant de couleurs. Coloré, le film l'est d'ailleurs étonnement en comparaison des trois précédents, qui usaient du noir et du blanc avec une telle maîtrise, une telle justesse, que certains redoutaient le nouveau long-métrage au vu des affiches promotionnelles. Mais l'homme nous prouve une fois encore sa versatilité, maîtrisant la couleur autant que le noir et le blanc, le film léger autant que le film dur. Un grand réalisateur, ni plus ni moins. "I'm a cyborg but that's ok" ressemble à une parenthèse entre deux cauchemars, une petite bulle de savon perdue dans une mer d'encre. Là où d'autres chassent leurs démons en réalisant de temps en temps des films durs, Park Chan-wook exorcise les siens au travers d'une douce comédie hallucinée, véritable invitation à la folie...