Qu'il soit finalement moins vulgaire que ce à quoi on pouvait s'attendre, malgré les quelques gauloiseries qui l'émaillent ça et là, n'est pas le moindre de ses paradoxes. Car LE MISSIONNAIRE, c'est un peu DON CAMILLO dans LE VILLAGE de Shyamalan. En effet, si ce film fait ouvertement référence aux comédies en soutane des années 60, aux sempiternelles fernandeleries jusqu'à celles de Gérard Oury ou Max Pécas, il le place dans un contexte contemporain assez déconcertant : un faux curé débarquant dans un village de l'Ardèche où les habitants n'ont pas de voiture, s'empressant tous (jeunes et vieux) de remplir l'église tous les dimanches, et même les autres jours (ils n'ont rien d'autre à faire ?), et accordant même à la présence de leur prêtre un espoir qu'ils ont renoncé à attendre de la société. C'est bien THE VILLAGE... mais en version polissonne (les ardéchoises sont pleines d’ardeur…)
Pourtant, loin d'être anodine, cette comédie à la pépère est aussi une propagande déclarée du catholicisme, et plus généralement des religions, comme facteur de socialisation.
Postulat pour le moins douteux, dont Bigard, endossant le rôle d'un curé à la “Guy Gilbert”, se fait le sectateur zélé, apôtre d'une église “cool” et décontractée de la soutane (il peut même tabasser le prêtre officiel (sous les applaudissement de la salle où j'étais), l'Église n'y trouvera rien à redire).
Espérons juste que cette nouvelle production d'EuropaCorp, à la fois opportunisme et bizarre, ne relance pas la vague des Don Camillo, mais oriente plutôt la carrière de Jean-Marie Bigard vers une impasse définitive.
Et comme dans beaucoup de comédies françaises, les seconds rôles ont ici plus de talent que les deux têtes d'affiches, comme la charmante Camille de Pazzis, ou Jean Dell qui, en capitaine de gendarmerie bonhomme, est vraiment très drôle.