Ce sont les sentiments qui amènent Isabelle Mergault à l'histoire. "Je ne réfléchis pas à une intrigue, explique-t-elle, mais je ressens et ensuite je vois où cela m'entraîne. En l'occurrence, il est question de bons sentiments qui provoquent des résultats désastreux. Une femme perd son mari, son fils reste près d'elle pour la soutenir parce qu'il la croit dans la douleur, et ça devient un enfer ! On a tous connu ce genre de situation. On a tous dans notre entourage quelqu'un qui en fait trop."Le film parle aussi du poids de l'éducation. "Je trouve que chez les grands bourgeois particulièrement, l'importance de l'image et du qu'en-dira-t-on est énorme, raconte la réalisatrice. Au lieu de dire la vérité à sa famille, quitte à se brouiller, on préfère sauver les apparences. Et ça, j'ai assez fréquenté ce milieu pour savoir que c'est un trait assez bourgeois."
En tant que comédienne, Isabelle Mergault crée tous ses personnages et joue leurs dialogues. "C'est d'abord cette musique des mots que je mets au point, explique la cinéaste. C'est par là que j'attrape la scène. Je ne réfléchis pas tout de suite aux décors ou à la mise en scène. Je passe un temps fou à faire en sorte que les mots paraissent naturels. Pendant cette phase, je ne pense pas forcément aux comédiens. Par exemple, pour le personnage d'Anne-Marie, je n'avais pas Michèle Laroque en tête mais quelqu'un que je connais et qui est comme ça, une femme charmante, trop bien éduquée. Elle n'ose pas vivre ses sentiments."
Par rapport à son premier film, Je vous trouve très beau, Isabelle Mergault avoue avoir beaucoup appris sur le rapport au montage. "Je maîtrisais mon scénario mais j'étais plus démunie face à cette phase, se souvient-elle. C'est vrai qu'il s'agit encore d'une autre forme d'écriture... C'est sur ce point que j'ai fait le plus de progrès."
La qualité qu'apprécie le plus Isabelle Mergault chez un comédien, c'est sa capacité à émouvoir. "Avec des acteurs comme Michel Blanc ou Michèle Laroque, on le ressent tout de suite, explique la réalisatrice. Ils ont ce pouvoir, on sent qu'ils ont cette faille, cette dualité comme certains acteurs italiens... Les films italiens, j'adore ! Ils peuvent vous faire rire ou pleurer en une fraction de seconde. Je trouve que Michèle dégage cela. Je l'ai choisie parce qu'elle fait partie des rares comédiennes qui sont à la fois belles, dotées d'une vraie puissance comique et qui en plus, ont de l'allure. Il fallait qu'elle puisse à la fois être grande bourgeoise, humaine, fragile, touchante et drôle. Elle peut donner tout cela."
Michèle Laroque dit avoir ressenti un grand plaisir à retrouver Jacques Gamblin. "Ce film-là est très différent de Pédale douce, raconte-t-elle. Je redécouvre quelqu'un qui a évolué, encore plus beau, encore plus épanoui. On passe encore un grand moment ensemble, en racontant une autre histoire."
"Ce que j'aime dans l'écriture d'Isabelle Mergault, confie Michèle Laroque, c'est sa générosité. Pour raconter les choses, elle ne se pose pas de questions. Elle ne calcule pas, elle ne manipule pas. Elle n'est ni dans le snobisme, ni dans la posture. Intelligente, elle n'intellectualise pas, elle ressent et veut le faire partager. Elle ne cherche pas à plaire, elle est simplement sincère et je crois que c'est ce qui touche le public. Je trouve que quoi qu'elle fasse, écrire, réaliser, raconter des histoires, elle le fait toujours pour de bonnes raisons."
Jacques Gamblin joue Léo Labaume, un spécialiste en réparation de bateaux qui dirige un petit chantier naval. L'aspect technique du personnage n'était pas inconnu à l'acteur, puisque ce dernier navigue lui-même. "Cet univers ne m'était pas étranger, confirme le comédien, et j'ai d'ailleurs fait un tour sur le magnifique Class J de 1914 que je suis censé avoir restauré !"
Isabelle Mergault retrouve ici Eva Darlan, Wladimir Yordanoff et Julien Cafaro, trois acteurs et amis qu'elle avait déjà dirigés dans son premier long métrage Je vous trouve très beau.
Le tournage a débuté en mars 2007 et s'est déroulé sur la côte méditerranéenne. "Idéalement, j'aurais aimé tourner en Normandie ou en Bretagne, dans des coins plus sauvages, confie Isabelle Mergault. Mais là-bas, la mer se retire, il y a des marées. Tout le monde m'a dit que ça allait être un cauchemar logistique, qu'on ne serait jamais raccord, et on m'a conseillée de choisir la côte méditerranéenne. Ce n'était pas très grave parce que pour moi, le principal c'est l'histoire, les dialogues et les sentiments. Et puis les paysages sont biens aussi !"