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Avec son adaptation du «Don Giovanni» de Mozart (1979), Losey a donné ses lettres de noblesse au «genre» du «film-opéra». Alors que, dans «La flûte enchantée», Bergman utilisait le cinéma pour étendre les possibilités d'une mise en scène spécifiquement théâtrale, Losey pour sa part tente une mise en scène proprement cinématographique. Et le résultat est splendide! Le chef-d'oeuvre de Mozart se voit honoré et magnifié par la beauté des images et des sites (les villas de Palladio!), tandis que son interprétation strictement musicale est de haute tenue. Raimondi campe un Don Juan terrifiant, proprement satanique. Van Dam, Kiri Te Kanawa, Malcom King, Macurdy sont parfaits dans leur rôle. Edda Moser, quoi qu'on ait dit, ne se défend pas si mal en Donna Anna. Berganza, inattendue en Zerlina, est un peu âgée pour le rôle mais chante merveilleusement bien. Quant à Riegel, il nous offre un Don Ottavio délicieusement constipé. La seule ombre au tableau est la direction de Maazel qui, en chef pressé, ne semble pas trop bien comprendre ce que signifie une respiration authentiquement mozartienne. N'est pas Krips qui veut! Ceci dit, ce nuage est incapable de diminuer mon enthousiasme. Losey réussit un compromis pleinement crédible (ce qui n'était pas gagné d'avance!) entre deux genres fort divers, voire contradictoires, et on se demande d'ailleurs pourquoi plus aucun essai n'est tenté en ce sens de nos jours... Trop élitiste???
Dans cette version de Don Giovanni, Losey ne fait pas qu'adapter Mozart au cinéma, mais il parvient à faire se côtoyer deux genres totalement différents avec virtuosité et équilibre. Le cinéma élargie les possibles en matière d'interprétation, tout en laissant à l'opéra sa dimension théâtrale propre. On assiste à un opéra grandeur nature, sur une scène vivante où l'illusion dramatique est aussi bien portée par la musique que par le décor. La Villa Rotonda, désignée comme le palais de Don Giovanni, est un choix particulièrement intéressant puisqu'elle offre un lieu à quatre façades identiques, soit quatre scènes ouvertes sur des cadres naturels différents. Ainsi la multitude des scènes semble converger vers un point central, la salle à la coupole de la Rotonda. Quant aux acteurs, on aurait du mal à imaginer meilleure distribution. Losey a su de cette manière garder cette tresse entre le comique et le tragique, le léger et le sérieux, le grotesque et le sublime qui est le nerf même de "Don Giovanni". Donna Elvira a beau se lamenter, elle est souvent le contre-point burlesque de Donna Anna, peut-être le seul véritable personnage pathétique de la pièce. Le couple Leporello Don Giovanni est servi à merveille, mélange de défiance et de complicité. Ruggero Raimondi est tout à fait magistral dans son rôle de Don Juan, à qui il a su donner tout le mépris naturel, la prestance, le cynisme, l'élégance et l'esprit redoutable d'un parfait libertin. N'oublions pas le jeune et mystérieux valet en noir... Est-ce le mignon de Don Giovanni, son entremetteur, son fils spirituel? Il restera en tout cas des scènes inoubliables de ce Don Giovanni, telles que le "Madamina"(où les catalogues deviennent des traînes de mariée pour Donna Elvire) ou encore le Finale, qui condense tous les registres de l'oeuvre, la comédie("Gia la mensa"), le pathétique tourné au ridicule("L'ultima prova") et le tragique("Don Giovanni a cenar teco"). Bref, une oeuvre digne du plus bel opéra de Mozart.
Je dois bien avouer que l'opéra n'est absolument pas mon genre de prédilection. Mais le réalisateur de "The Servant" et du "Messager" derrière la caméra et le tournage entièrement en décors naturels m'ont tout de même convaincu de me lancer dans ce film.
Très fidèle à l'oeuvre de Mozart, s'il faut regarder ce film ce n'est surtout pas pour son scénario car l'intrigue tourne en rond sur chaque rebondissement pendant une demi-heure, ne manquant pas de se répéter indéfiniment, mais plutôt pour une distribution composée exclusivement de très grands noms de l'opéra entièrement parfaite qui sert à merveille la musique du divin Mozart et pour son visuel qui ne manque pas de profiter de magnifiques extérieurs et de superbes intérieurs italiens pour livrer quelques images d'une beauté à couper le souffle.
Malgré quelques grosses longueurs dues au scénario, le film tient assez bien ses près de trois heures.
Très fidèle à l'oeuvre de Mozart, s'il faut regarder ce film ce n'est surtout pas pour son scénario car l'intrigue tourne en rond sur chaque rebondissement pendant une demi-heure, ne manquant pas de se répéter indéfiniment, mais plutôt pour une distribution composée exclusivement de très grands noms de l'opéra entièrement parfaite qui sert à merveille la musique du divin Mozart et pour son visuel qui ne manque pas de profiter de magnifiques extérieurs et de superbes intérieurs italiens pour livrer quelques images d'une beauté à couper le souffle.
Malgré quelques grosses longueurs dues au scénario, le film tient assez bien ses près de trois heures.
Santu2b
"Don Giovanni" ! L'opéra des opéras selon Richard Wagner. Depuis sa création en 1787, le chef-d'oeuvre ombrageux de Mozart n'a en effet cessé d'alimenter obsessions, questionnements et fantasmes à son sujet. C'est à un grand et périlleux défi que se livrait Joseph Losey en 1979 en voulant transposer entièrement cette oeuvre musicale au cinéma. Défi brillamment relevé et couronné de succès, instituant de surcroît le cinéaste en tant que véritable père du film-opéra ! Outre la musique (forcément sublime), costumes et décors sont somptueux. A cette remarquable reconstitution, il convient d'ajouter les qualités des interprètes, surtout le grand baryton Ruggero Raimondi, terrifiant et magnifique à voir dans le rôle-titre. On aurait aimé cependant un peu plus de personnalité artistique de la part du cinéaste. Non pas que celle-ci soit totalement absente mais trop disséminée tant est que si certaines scènes sont d'une inventivité folle d'autres en revanche ne sont qu'une opération calquée de l'oeuvre opératique éponyme, entrainant au final quelques longueurs. "Don Giovanni" demeure néanmoins un réel must du genre et on se demande pourquoi cette expérience n'est pas plus souvent tentée de nos jours.
C'était l'époque des opéras filmés jusqu'à saturation mais ce "Don Giovanni" réalisé par Joseph Losey est pour moi la plus grande réussite du genre. Outre la fantastique musique de Mozart, le livret très riche, un casting hors pair de grands chanteurs lyriques, les images sont somptueuses et le rythme de la mise en scène enlevé fait de ce film un merveilleux spectacle musical et cinématographique.
Une œuvre d'art complexe et maîtrisée qui mérite de tourner dans toutes les écoles.
Musique magnifique, décors naturels somptueux, interprétation remarquable... Cet opéra filmé est un véritable chef d'oeuvre d'art lyrique. A voir et surtout entendre absolument!
Le pari était quand même risqué. Mais globalement, c'est plus que réussi. Je vais tout de suite dire ce qui m'a gêné dans le film pour que ça soit fait : 2h48 de musiques tonitruantes (certes, c'est du Mozart) et de chant version opéara, je crois que ça m'a fatigué, éprouvé. Je savais très bien ce que j'allais voir en lançant le film, mais bon, voilà, au final je n'ai pas été transporté comme certains le seront probablement. Je reconnais par contre, bien volontiers, les nombreuses qualités artistiques du film, et je suis très content de pouvoir en parler car sur les derniers films de Joseph Losey que j'avais vu, j'étais pas aussi enthousiaste. Car là franchement y a plein plein d'ideées de mise en scène, Losey sait comment utiliser sa caméra. La photographie est soignée, les costumes et les décors également. Bref, niveau artistique c'est vraiment très réussi.
Idée grandiose que de vouloir retransmettre au grand écran l'oeuvre majestueuse de Mozart, Don Giovanni, qui a replacé le mythe de Dom Juan dans la musique et l'opéra. On laisse plus de choix vaste sur les décors, les costumes, l'interprétation et la réalisation, comme si l'amateur d'opéra s'était retrouvé propulsé en pleine représentation. Si la première partie laisse place aux actes séducteurs et violents de Dom Juan, la seconde est plus intéressante, la découverte du tombeau du Commandeur fait jouer le dernier tour aux dès sur le destin du fautif. La Rotonda est le déroulement majeur de l'histoire, le Commandeur arrive, il crée une véritable ambiance magique et divine. Dom Juan est à moitié charismatique et à moitié détestable. Mais Leporello est sans doute le personnage le plus attachant, mêlant complicité et autorité entre les deux protagonistes. Les femmes du séducteurs, dont Donna Anna, sont malheureusement les principales victimes de l'histoire, faisant de pathétiques personnages, ce qui nous donne une dent contre Dom Juan. Les acteurs, professionnels et baritons en tout genre, ne surjouent pas, se contentent d'interpréter tels qu'ils le feraient sur la scène. La musique entraîne avec virtuosité le rythme de l'histoire, avec les sublimes morceaux de Madamina, Gia la Mensa, A Cenar Teco, de loin le plus connu. Si vous n'avez pas les moyens ou le temps d'aller voir Don Giovanni en live à l'opéra, le film de Losey est une parfaite adaptation de l'oeuvre inestimable de Mozart.
Les costumes sont sompteux, les décors aussi mais vu que je ne supporte pas l'opéra c'était un supplice de regarder ce film de trois heures où les acteurs/chanteurs beuglent et en font des caisses.
Don Giovanni a été tourné à Venise dans des décors intérieurs (édifices de Palladio) et extérieurs somptueux et privatisés pour l’occasion. Il y a là matière à satisfaire les réalisateurs les plus exigeants. Malheureusement, la mise en scène de Joseph Losey est désespérément absente ! Tout est filmé à hauteur de regard sans jamais utiliser la beauté des lieux, aucun volume n’est exploité, aucune perspective, pourtant nombreuses, n’est accrochée. Les mouvements et déplacements de l’unique (!) caméra sont inversement proportionnels à ceux demandés aux acteurs… La seule préoccupation du metteur en scène semble alors de « bien » placer la caméra pour étirer à moindre effort chaque plan-séquence. Il s’agit bien là d’un problème de mise en scène et non de repérage car il y a peu de redondance dans les lieux filmés.
Nous soupçonnons que le tournage sur place ne s’est pas bien passé et a pris du retard. Nous voilà ainsi les heureux spectateurs de deux scènes filmées dans les décors d’un théâtre : la première du film et, beaucoup plus gênant, une scène en plein milieu du second acte ! L’objectif, rappelé en préambule par Monsieur Seydoux, de tourner un opéra comme un film, est donc tout aussi loupé que ledit film !
Que pouvons-nous sauver de ce marasme ? La bande-son évidemment puisque que cet opéra est l’œuvre de Mozart. Devant la « médiocrité » de la mise en scène, notre réflexe a donc été de nous concentrer sur l’œuvre musicale dont le spectateur peut effectivement profiter… par intermittences. La copie visionnée à été restaurée notamment au niveau du son qui a été « gonflé » (la copie originale semblait souffrir de faiblesses). Malheureusement, le volume sonore trop élevé des chants masque la partition musicale de Mozart dont nous pouvons donc profiter… quand les chants se sont tus !
Un critique de cinéma américain avait conclu son avis par quelque chose du type : achetez le CD, il est très bien ! Voilà qui résume parfaitement notre sentiment…
Nous soupçonnons que le tournage sur place ne s’est pas bien passé et a pris du retard. Nous voilà ainsi les heureux spectateurs de deux scènes filmées dans les décors d’un théâtre : la première du film et, beaucoup plus gênant, une scène en plein milieu du second acte ! L’objectif, rappelé en préambule par Monsieur Seydoux, de tourner un opéra comme un film, est donc tout aussi loupé que ledit film !
Que pouvons-nous sauver de ce marasme ? La bande-son évidemment puisque que cet opéra est l’œuvre de Mozart. Devant la « médiocrité » de la mise en scène, notre réflexe a donc été de nous concentrer sur l’œuvre musicale dont le spectateur peut effectivement profiter… par intermittences. La copie visionnée à été restaurée notamment au niveau du son qui a été « gonflé » (la copie originale semblait souffrir de faiblesses). Malheureusement, le volume sonore trop élevé des chants masque la partition musicale de Mozart dont nous pouvons donc profiter… quand les chants se sont tus !
Un critique de cinéma américain avait conclu son avis par quelque chose du type : achetez le CD, il est très bien ! Voilà qui résume parfaitement notre sentiment…
weihnachtsmann
Rien à dire sur le fond évidemment. C'est Mozart.
Pour la forme, on a le style Barry Lyndon sans le brouillard mais on a bien les personnages typés, fougueux, les décors superbes et la mise en scène ample.
Pour la forme, on a le style Barry Lyndon sans le brouillard mais on a bien les personnages typés, fougueux, les décors superbes et la mise en scène ample.
Que noter? Une mise en scène classique qui ne rend pas l'intrigue particulièrement palpitante se contentant de transférer le récit de l'opéra dans de beaux décors naturels ou la magnifique composition de Mozart?...
Contrairement à Bergman qui s'était fourvoyé dans la Flute enchantée, Losey a réussi son Don Giovanni. Un enchantement vocal et visuel, il y a juste quelques très légères faiblesses comme ces balades en barque dans la brume qui ne le font pas ? Sinon la distribution est à tomber, dominée par un Ruggero Raimondi habité par le rôle et par la grâce et le talent de Kiri Te Kanawa, mais personne ne démérite. Contrairement à une idée reçue l'opéra n'est pas tiré du Don Juan de Molière qui reste une comédie et que plus personne ne connaissait en 1787 mais d'autres créations sur le même thème. L'opéra hésite entre son côté tragique, il y a tout de même un meurtre, et certains éléments de bouffonnerie tous centré autour du personnage de Leporello. Si Don Juan est châtié ce n'est pas en raison de son libertinage, mais en raison de la façon dont son libertinage s'exerce créant le malheur autour de lui. Ensuite sur la conclusion mystico fantastique, cela fait des années que chacun y va de son interprétation, peut-être n'y a-t-il tout simplement rien à comprendre ! Mais on s'en fout, c'est beau !
Lors de sa sortie, j'avais trouvé ce film trop académique, trop statique. En le revoyant trente ans plus tard, je ne m'en lasse plus et découvre chaque fois de nouveaux détails qui me ravissent. Ruggero Raimondi compose un Don Giovanni absolument parfait, mélange de prédateur sexuel, de libertin subversif et torturé. Or une des principales difficultés des "films d'Opéra" est de trouver des chanteurs qui aient à la fois la voix et le physique. Sur ce terrain, tous les autres interprètes sont parfaits, seule Thérésa Berganza, grande diva de l'époque, manque sans doute de la fraicheur qu'on attend d'une jeune épousée. La mise en scène comporte un certain nombre de trouvailles, comme le catalogue des maitresses de Don Giovanni qui se déplie comme une traine et la présence d'un mystérieux et beau valet androgyne tout en noir dont on ignore la fonction. On peut imaginer qu'il s'agit, sinon d'un amant du maître, un discret amoureux, ce qui introduit une nuance de trouble équivoque sur la bisexualité possible du grand séducteur. Les décors et les costumes sont somptueux, la musique sublime. Non content de rendre hommage à Mozart, Losey a ajouté sa touche particulière à ce chef d'oeuvre intemporel.
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