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gimliamideselfes
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3,5
Publiée le 8 mai 2016
Ce film c'est "un peu" le Visite ou Mémoires et Confessions de Cavalier. Je reprochais justement au film de De Oliveira d'être un peu froid, de ne pas nous partager les détails, ce qui donne de la vie, de la consistance à un film, et ceci d'autant plus s'il parle de l'auteur lui-même. Et c'est un peu ce que fait Cavalier ici.
Alors le film est très surprenant et avec le DVD il y a un petit livret qui explique ce qu'est ce film : "le plus long fondu au noir au monde", c'est un fondu au noir de plus d'une heure d'un type qui déprime dans son appartement. Et forcément c'est intéressant, c'est intéressant lorsque Cavalier raconte des détails, des petites choses, ce que j'aime chez lui. On sent déjà ce que pourra donner bien plus tard des films comme Irène.
Cependant il faut connaître la vie de Cavalier, car il est pudique, il ne montre pas son visage, il n'ose pas vraiment donner des noms, dire que c'est de lui dont il s'agit. Il utilise la troisième personne, il a le visage totalement bandé et pourtant il dit des choses et si on recoupe avec ce que l'on sait de lui... on apprend des choses, des petites choses, des détails insignifiants, mais qui font sens pour comprendre cet enfermement dans le noir de ce type enfermé dans son appartement.
Parce qu'il y a une scène vraiment touchante où Cavalier lit, ce que je comprends être, le procès verbal rédigé lors de l'accident qui entraîna la mort de sa femme une petite dizaine d'années plus tôt. La scène pourrait être anodine, elle l'est, c'est d'ailleurs ça le réel tragique, celui qui refusa la priorité à sa femme parle d'un regrettable accident, comme si de rien n'étant... comme si en face une vie n'était pas brisée.
Et pour ça, pour ces petites choses, pour ces moments où Cavalier arrive à parler de lui, et pour le côté expérimental de la chose, ça fait de Ce répondeur ne prend pas de message, un film à voir, même si certes il est à des années de la qualité d'un film comme Irène.
«Ce répondeur ne prend pas de messages» (France, 1978) d’Alain Cavalier a été tourné en une dizaine de jours, dans l’appartement du cinéaste. Sans autorisation ni mobilisation d’une lourde équipe de tournage, le film s’est construit comme à la volée. Le visage entièrement bandé de Cavalier et l'économie extrême de la mise en scène font de ce film de Cavalier un geste discret et intime. Les mots prononcés par Cavalier, afin parfois de parler de lui-même à la troisième personne, adoptent un ton plus littéraire que dans «La Rencontre» ou «Le Filmeur». Cette littérature de la voix, doublée de la modicité des images qu’elle accompagne, assimile «Ce répondeur ne prend pas de messages» à un champ liturgique en l’honneur d’une plaie qui se cicatrise. La cicatrisation du mal intérieur qui ronge le cinéaste s’accomplit par l’inventaire de ses objets usuels (lit, toilettes…), comme pour mieux ordonner l’espace quotidien, et par la peinture en noir de toute l’antichambre de son appartement. Dans l’heure du film, Cavalier peint en noir une porte, un pan mural, un radiateur puis toute la salle, jusqu’à la fenêtre. Plongé dans l’obscurité, au cœur même de son intérieur, comme renfermé sur soi, Cavalier met le feu aux morceaux d’une chaise qu’il a brisé pour éclairer à nouveau les ténèbres de son esprit. La métaphore de «Ce répondeur ne prend pas de messages», élargie au champ d’un appartement, est assez simple, presque élémentaire. Elle répond à des équations composites qui se résument à esprit=chambre, dépression=noir, feu=espoir. Programmation du nouveau cinéma de Cavalier, «Ce répondeur…» porte déjà en lui la sensibilité de l’auteur pour la faculté des objets à sourdre les souvenirs les plus profonds. La réussite de Cavalier ne tient pas seulement à ce qu'il nous communique l’expression de sa détresse, elle tient aussi à son aptitude à nous laisser librement voir, à travers chaque signe du film, nos propres réminiscences.
Ce film ne dure qu'une heure, et fait écho à un drame personnel vécu par Alain Cavalier...Film austère, avec de longs plans fixes où l'on s'ennuie souvent, des dialogues oscillant entre le creux et l' intéressant. On comprend la volonté du réalisateur, on partage parfois son émotion, mais l'ensemble demeure tout de même assez déroutant. Ce film est un ovni, souvent vain, et dont la symbolique finale peut paraitre ridicule. On s'ennuie quand même beaucoup....