Le film de John Boorman, en 1994, a au moins le mérite de nous apprendre la condition du peuple birman, livré à une dictature militaire répressive trop lointaine sans doute, voire trop banale, pour indigner l'Occident.
Mais, si le régime politique de Birmanie est dénoncé ouvertement, c'est en des termes tellement convenus et généraux que l'engagement de Boorman perd de son pouvoir évocateur. On sera sans doute ému par la foule de manifestants paisibles mitraillée par la troupe mais, dans le détail, les périls qui menacent la touriste américaine Laura (histoire d'impliquer le spectateur) et son guide sont anecdotiques.
L'exotisme joli des paysages et de la musique, l'académisme de la mise en scène apparentent cette histoire pourtant inspirée de faits réels à de classiques fictions d'aventures ou de guerre. Moins inspiré, dans le genre, que "La déchirure" de Roland Joffé, ce récit de graves troubles civils se double pour l'héroïne, débarquée en Birmanie pour oublier un drame, d'un parcours initiatique au terme duquel elle choisira de se battre pour une cause, seule perspective d'existence en vertu d'une philosophie très "asiatique", très cliché aussi.