Alors qu’il exécute son dernier contrat, Jeff, un tueur à gages, blesse accidentellement une jeune femme. Rongé par le remords, il se lie d’amitié avec elle et va se démener pour la faire soigner…
A la fin des années 80, John Woo et Tsui Hark s’associent de nouveau pour mettre en boîte un hommage (et non un remake) du film culte Le Samouraï (1967) de Jean-Pierre Melville avec Alain Delon et accouchent d’une oeuvre jusqu’au-boutiste, comme si Sam Peckinpah s'était délocalisé à Hong Kong pour réaliser un polar particulièrement âpre.
On ne va pas se mentir, si le visionnage de The Killer (1989) reste toujours un réel plaisir 35 ans après sa sortie, le film n’en reste pas moins bourré de défauts. Bien que cela ne nous empêche pas de l’apprécier à sa juste valeur, on ne pourra néanmoins pas faire abstraction de ses imperfections, à commencer par les facilités scénaristiques, les faux raccords, les éternels gimmicks du réalisateur (les envolées de pigeons ou colombes et les plans au ralenti que l’on retrouvent dans bon nombre de ses films, notamment Volte/Face - 1997 & Mission: Impossible 2 - 2000), la romance gnangnan entre les deux tourtereaux, sans parler de l’utilisation à outrance des armes à feu (il tire une dizaine de balles pour tuer un assaillant alors qu’une suffit, sans oublier les chargeurs qui semblent ne jamais se vider et tirent ainsi des balles en illimité).
Alors certes, cela fait beaucoup de défauts mais le film fait amplement le job, c’est particulièrement rythmé et clairement, on en a pour notre argent. En fin de compte, John Woo semble surtout avoir eu les yeux plus gros que le ventre en réalisant un polar parfois surréaliste, radical et en constante surenchère (le climax dans l'église est beaucoup trop long avec ses méchants en surnombre).
Côté interprétation, si la romance entre Jeff & Jenny paraît mièvre, on s'étonnera de la tournure que prend la relation entre Jeff & et l'inspecteur Lee, qui vire littéralement à la "bromance" crypto-gay (ironie).
Le film n’a rien perdu de sa vigueur au fil des années et c’est ça qui nous permet de passer outre ses défauts pour pleinement apprécier le spectacle. Par contre, quelle curieuse idée à eu John Woo de vouloir réaliser son propre remake éponyme (2024) avec Omar Sy & Sam Worthington…
(critique rédigée en 2007, actualisée en 2024)
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