Confortés par le succès de Shrek 2 et l'engouement du public pour le matou desperados, les studios DreamWorks envisagèrent très tôt la réalisation d'un film dérivé de la franchise originelle, dont le héros ne serait nul autre que le bien-aimé Chat potté.
Porté à l'écran par le réalisateur du troisième volet, Chris Miller, ce cinquième film de la saga est un préquel aux aventures de Shrek 2 et s'inscrit donc temporellement avant l'apparition du chat hors-la-loi dans la vie de l'ogre. Grâce à cette nouvelle création, les spectateurs peuvent découvrir l'histoire et le passé du Chat potté, recueilli très tôt dans un orphelinat et se liant d'amitié avec Humpty Dumpty, un oeuf chahuté par ses camarades mais d'une inventivité incroyable. Ensemble, les deux "frères" apprennent à se connaître et vivent de nombreuses péripéties, jusqu'à un malheureux accident qui conduit à leur séparation. Plus tard, lancé à la poursuite de Kitty Pattes de velours, une chatte à l'agilité extraordinaire, le Chat potté retrouve son ancien ami d'enfance, qui lui propose de participer à une aventure dangereuse mais au butin non-négligeable : la quête de l'Oie aux Oeufs d'Or. Mais au fur et à mesure de sa mission, le Chat potté va finir par prendre conscience que les motivations d'Humpty ne sont pas exactement celles qu'il pensait.
Dans ces nouvelles aventures, on retrouve les clins d'oeil habituels à la culture cinématographique (Jurassic Park, Fight Club et le Roi Lion notamment), mais on découvre également un vibrant hommage aux films western grâce aux décors, musiques et plans de caméra qui rappellent volontairement ce genre incontournable. De plus, fidèle au concept original de la franchise, le Chat potté s'inspire lui aussi des contes populaires, en l’occurrence, Jack et le Haricot magique.
Les thèmes abordés sont nombreux mais les deux principaux sont ceux de l'amitié et de la vengeance, incarnés dans la relation tumultueuse entre le Chat potté et Humpty Dumpty. D'ailleurs, je ne peux cacher une certaine déception face au dénouement de leurs aventures. En effet, un pardon aussi rapide dans le clocher d'une église de la part de l'oeuf, après des années de frustration au cours desquelles il a préparé sa terrible vengeance, me semble assez peu crédible. A la limite, amorcer précocement ce processus de réconciliation dans les derniers instants de la vie d'Humpty, alors qu'il n'est maintenu en vie que par les efforts du Chat potté au-dessus du vide, aurait apporté une puissance émotionnelle et dramatique bien plus forte. On aurait également pu envisager maintenir l'oeuf dans sa voie malveillante jusqu'au bout, ce dénouement aurait été toujours plus crédible que celui qui a été finalement choisi. Mais écartons cette faiblesse scénaristique, après tout, nous sommes face à un film d'animation familial qui n'a pas pour vocation de faire dans le réalisme.
D'ailleurs, cela n'empêche pas la bonne réception du Chat potté dans les salles, qui est toutefois aléatoire selon les pays. En France, il cumule environ 3,5 millions d'entrées, un résultat bien inférieur aux précédents films de la saga. Néanmoins, le Chat potté obtient une meilleure considération de la part des cérémonies de récompenses américaines, dans la mesure où il est nominé à l'Oscar du meilleur film d'animation et au Golden Globe de la même catégorie en 2012.