Le cinéaste évoque le point de départ de son projet : "A la base, j'avais (...) surtout l'envie d'un film où il y ait un maximum de scènes de désirs (...) L'idée de départ ici c'est un film sur les conséquences de baisers à priori sans conséquences. Ou, autrement dit, existe-t-il des baisers sans conséquences ? J'avais en tête l'histoire d'un garçon qui va voir sa meilleure amie. Il est en manque de faire l'amour et lui demande si elle peut l'aider. Bien qu'elle soit mariée et amoureuse de son mari, elle accepte (...) Le propos du film était donc une sorte de réflexion utopique sur "comment vivre son désir tout en préservant celui qui en pâtirait". D'où l'idée des stratégies mises en place par les personnages pour ne pas faire souffrir un tiers. Ce qui m'intéresse dans cette situation c'est le dilemme qu'elle implique : comment être quelqu'un de bien, de civilisé, qui veut s'autoriser à vivre ses désirs, une des choses les plus réjouissantes de la vie et qui en même temps ne veut pas faire du mal, ni à lui, ni à autrui. C'est au fond un sujet de moraliste."
Un baiser, s'il vous plaît a été présentée en 2007 à la Mostra de Venise dans la section Giornate degli autori.
La structure du film est très originale, puisque l'histoire de Nicolas et Judith est racontée par un troisième personnage, Emilie. Celle-ci a en effet ce souvenir à l'esprit lorsqu'elle est sur le point d'embrasser Gabriel... Emmanuel Mouret explique : "L'idée, qu'une femme s'empêche d'embrasser un homme qu'elle désire à cause d'une histoire qu'on lui a racontée et qu'à son tour elle la raconte à cet homme, me plaisait beaucoup pour plusieurs raisons. D'abord parce que je crois que les histoires que l'on a entendues, ou lues, ou vues au cinéma ont beaucoup d'effets. Elles participent pour beaucoup à nos jugements moraux et donc influencent nos comportements (...) Mais également, ce qui m'intéressait beaucoup c'était d'observer combien le récit d'une histoire fait à une autre personne peut aussi en modifier les effets initiaux. Et puis ces histoires que l'on ouvre et referme au cours du récit comme des tiroirs m'amusaient beaucoup et permettaient de rythmer le récit tout en donnant un air de liberté."
Souvent qualifié de cinéaste littéraire, Emmanuel Mouret souligne l'importance de la parole au cinéma : "Je pense que c'est la parole qui en grande partie rythme un film. Dans la parole, il y a les voix, il y a le rythme des choses qui sont dites, et donc par conséquent celui du film. D'où aussi mon amour pour les comédies classiques italiennes et américaines où l'on parle beaucoup (...) L'autre aspect de la parole, c'est que, pour moi, c'est elle qui déploie le désir (...) Malheureusement dans certains manuels d'écriture de scénario, on enseigne qu'il faut faire dire le maximum de choses au personnage en moins de mots possibles. Je trouve cela ridicule. Plus on parle, plus on s'expose à l'autre, au regard, à la critique, plus donc aussi on se met en scène, on cherche comment se présenter. Et c'est dans ce comment que réside une grande partie des enjeux ! (...) Plus les personnages parlent, plus on peut se demander : Est-ce qu'il dit vrai ? Le pense-t-il vraiment ? C'est ce qui rend au cinéma les visages, les regards aussi captivants."
A la fois réalisateur, scénariste et acteur, comme dans ses autres films, Emmanuel Mouret interprète encore une fois un personnage maladroit. "Je crois que c'est justement la maladresse qui m'a fait aimer le cinéma", confie-t-il. "Elle raconte énormément de choses. J'aime les grands héros maladroits comme Pierre Richard. Le maladroit, c'est celui qui essaie de s'adapter à des situations nouvelles et qui est en même temps dépassé par tout ce qu'il ressent. C'est une dimension dans laquelle je me plonge, qui me saisit très profondément. Pour moi les plus grands héros de cinéma ne sont pas les Superman mais les Buster Keaton, Charlie Chaplin ou Jacques Tati. Ceux qui tombent et qui se relèvent sans jamais en vouloir à la vie ni aux autres. Ils sont sans amertume. Les grands maladroits ont cette beauté des grands héros dramatiques, cette faculté de résister et de continuer."
Après sa prestation très remarquée dans le précédent long métrage d'Emmanuel Mouret Changement d'adresse, Frédérique Bel (qui accéda à la notoriété grâce aux sketchs de La Minute blonde diffusés sur Canal +) fait partie du casting d' Un baiser s'il vous plaît.
Partenaires dans le film, Julie Gayet et Michaël Cohen s'étaient déjàc roisés sur le plateau des Menteurs d'Elie Chouraqui en 1996. D'autre part, La comédienne avait joué sur les planches Les Abîmes, une pièce écrite par Michael Cohen...