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idagnidif
4 abonnés
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4,0
Publiée le 10 avril 2021
Un médecin nazi impliqué dans des programmes de stérilisation et d'extermination de malades mentaux a échappé à son châtiment avec l'aide d'un colonel soviétique. Plusieurs années par la suite, un jeune artiste peintre s'est épris de sa fille et commença à découvrir le passé louche de son futur gendre.Il a usé de son art afin de le déstabiliser et par la suite a créé un style de peinture propre à lui.
Le développement du scénario est subtilement fait pour amener le spectateur à une fin bouleversante. L'intérêt pour l'histoire grandit au fur et à mesure que les indices sont dévoilés ; oui, c'est assurément un film qui demande à être connu.
Nomura Yoshitaro ancien assistant d'Akira Kurosawa aura eu une carrière de réalisateur très prolifique (89 films à son actif de 1950 à 1985). Il popularisera le film policier au Japon. Son travail est relativement méconnu en France. "Le vase de sable" sorti en 1974 résulte de sa collaboration avec l'écrivain de roman policier Seichi Matsumoto lui aussi très fécond (450 romans). Yoshitaro nous emmène dans le Japon rural des années 1970 pour un buddy movie à la sauce nippone, très loin des recettes anglo-saxonnes où les bons mots se succèdent pour décrire une amitié virile rythmée par les coups de feu et les rebondissements. Yoshitaro a lui l'humeur vagabonde et s'ingénie plutôt à décrire une enquête bucolique sans coups de feu où il s'agit de remonter aux racines d'un homme dont rien ne peut expliquer qu'il ait été assassiné. De manière très explicative et plutôt naturaliste Yoshitaro décrit le mode de fonctionnement de la police tokyoïte, administration masculine très hiérarchisée où l'ancienneté prime avant toute chose. Les rapports entre les deux détectives en charge de l'affaire sont empreints de la transmission du savoir à travers le respect du plus jeune envers le plus ancien. De manière très explicative à l'aide de petits panneaux en surimpression hérités du cinéma muet, Yoshitaro détaille les différentes étapes de l'enquête. C'est un Japon en couleur peu connu qui nous est offert loin de celui médiéval des films de samouraïs ou de celui très urbain des films noirs de Kurosawa. Mais Yoshitaro délaisse brutalement l'enquête dans la dernière partie de son film pour se concentrerspoiler: sur le portrait de l'assassin et de son père lépreux à travers leur longue errance de parias jusqu'à leur séparation. Le tout nettement marqué par l'influence évidente du "Kid" de Charlie Chaplin (1921). Ce final pathétique est souvent jugé par les rares exégètes du réalisateur comme l'acmé du film alors que son romantisme exacerbé et sa vocation tire-larmes alourdissent considérablement le travail ciselé et franchement original patiemment mené dans la première partie. Un peu dommage pour un film qui mérite malgré tout d'être redécouvert.
Certes, le film est long et peu connu, mais le scénario, l'incursion du spectateur dans l'univers de l'art japonais est superbe, le final, avec sa musique sublime, est un moment culte du cinéma.