Le sujet et la réputation souvent engagée de base des 70’s et 80’s me faisaient redouter un petit navet binaire, caricatural et infantilisant. Mais bon peut-être pas après tout, Jean-Jacques Annaud nous ayant prouvé son talent après ce premier film de 1976. Hélas je ne m‘étais pas trompé. Son succès juste américain il y a 40 ans est probablement dû au fait qu’il leur est plus facile qu’en France de prendre du simplisme pour de l’anticonformisme. Heureusement que le thème de la colonisation de l’Afrique, et de son goût indigeste d’humiliation africaine et de honte européenne, a été traité depuis avec beaucoup plus de finesse et de réalisme.
Impossible de mettre une note nulle grâce à l’appréciable mise en place progressive d’un microcosme sociétal, avec sa hiérarchie rampante, ses quelques traces d’intelligence vite corrompue, sa veulerie et ses victoires bouffonnes traditionnellement payées avec le sang injuste d’un peuple même pas concerné. Et puis le rythme et l’intrigue m’ont tout de même emporté jusqu’au bout sans trop d’effort, ça va, me faisant voyager dans la vie oisive et dégénérescente d’une micro-communauté de colons Français, racistes, cupides et mesquins, installés dans un village d’Afrique Occidentale Française, qui de par leur isolement ne découvre qu’en début 1915 qu’ils sont en guerre contre les Allemands du village voisin depuis 6 mois. Et dans une série de tentatives de clowneries, voilà 3 ridicules pelés fats et abrutis d’alcool, et 2 pauvres tondus violents et hypocrites jouer les maladroits va-t-en-guerre dans une ambiance excessivement ridiculisante du Français, indécrottablement lâche, imbécile, perverti et sans grâce possible, comparativement au stoïcisme exemplaire des indigènes, à l’efficacité relative Allemande et à la dignité approximative Anglaise. Les farces italiennes des années 60 sur la Seconde Guerre Mondiale avaient au moins une vocation comique, ici même pas.