Godard adapte (très vaguement) une nouvelle de Maupassant (La Femme de Paul) et exploite une étude sociologique sur la jeunesse des années 1960, dans une coproduction franco-suédoise, avec Jean-Pierre Léaud et Chantal Goya incarnant des "enfants de Marx et de Coca-Cola"... La bizarrerie de cette équation est assez tentante, même si l'on craint d'abord un mélange conceptuel, hermétique, dont le réalisateur a le secret. Celui-ci fait parler ses jeunes personnages de tout, de rien, et en profite pour disserter sur la politique, la guerre, l'amour, le sexe, l'américanisation de la société de consommation, le cinéma... Bien sûr, on ne voit pas toujours où il veut en venir, mais la sauce dramatique prend et le film est tout à fait "regardable". Entre banalité quotidienne, considérations sociales et saillies philosophiques, le romanesque affleure, douloureux et pessimiste sur la fin. Ce qui n'exclut pas quelques moments de grâce. Jean-Pierre Léaud est comme souvent épatant avec son sérieux irrésistible, son désespoir léger, sa drôlerie involontaire. Et Chantal Goya, sobre dans un rôle peu sympathique.