Très moyen film de Jean-Luc Godard, qui tente de filmer... ben justement on sait jamais trop, disons l'air du temps, la jeunesse pour des jeunes en 1966, ou bien une sorte de "devenir-révolutionnaire" en amour. Je sais bien que la finalité de tout ça consiste précisément à rompre avec tout objet clairement défini, à ne pas réaliser quelque chose de "surajouté", "d'artificiel", "d'histoire cliché avec un début un milieu et une fin qui finit bien", mais au contraire de filmer la vie, la vraie, la grise, avec ses mégots, ses erreurs et ses échecs protéiformes. Toujours est-il que c'est long, que c'est chiant, et qu'on a beau essayer de s'accrocher, on se dit qu'heureusement, la vie, ça ne ressemble pas à ça. Non adhérence au film donc, non pas au sens où Godard aurait enfin délivré aux hommes, comme en un miroir (parce que faut pas déconner, toute cette ancienne vague n'a certainement pas remis en cause le réalisme), la vérité profonde de notre modernité scindée, tiraillée entre Marx et le Coca-Cola, et que cette vérité serait trop dérangeante (vraie) pour y acquiescer... Non c'est simplement trop lointain, trop chiant, trop littéraire, trop ringard. Et on se dit qu'en pleine année du structuralisme, les quelques incursions philo devaient faire gentiment sourire : le fond, quand même, n'atteint pas des sommets. D'accord, filmer une histoire d'amour qui n'en est pas une, filmer une histoire d'amour qui s'évanouit et se disperse toujours un peu plus en spirales, filmer une histoire d'amour sans amour, c'est marrant un moment, mais bon...
De belles choses, pourtant, m'ont incliné à terminer : une ambiance cohérente à travers tout le film (c'est pas très reluisant, mais c'est constant dans la non reluisance), avec des fumées de cigarettes, des bruits de voiture, bref, quelque chose passe de l'époque, c'est certain. Autre chose, Goya, vraiment très bien mise en valeur, d'ailleurs comme toutes les filles, c'est incontestable : mignonne à croquer, avec un sourire gêné croustillant et assez envoûtant. Et puis quelques scènes assez marrantes - bien que non crédibles - mais enfin, celles avec les soldats sont assez cocasses... Dernière chose positive, ça finit mal, évidemment (l'absurde de la fin donne un peu de sens, et ça ne fait pas de mal). Mais trop de choses demeurent rédhibitoires : un montage fait avec les pieds et sûrement, je n'en doute pas, voulu comme tel (je veux bien accepter ça pour le concept, mais enfin que ce soit voulu énerve d'autant plus, c'est inévitable) : des bruits qui prennent les nerfs, des images bancales, des plans fixes longs à mourir (sauf sur Goya évidemment, qui est magnifique, avec son sourire gêné etc etc). Jean-Pierre Léaud est irritant (jusque dans sa diction, et Dieu sait si Godard le fait parler, bon Dieu de nouvelle vague...), bien qu'il ne soit pas aussi laid que son pote...
Bon on ne vas se fâcher ni en rajouter des tartines, c'est mou du glou, et pis c'est tout (je soigne mes fins d'articles, maintenant, avec des rimes) : 5/20.
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