Le Cercle des noyés : les secrets du tournage

Le Cercle des noyés a fait parti de la sélection officielle du Festival de Berlin en 2007.

Le réalisateur, Pierre-Yves Vandeweerd, a rencontré à plusieurs reprises des anciens prisonniers politiques négro-mauritaniens qui avaient été enfermés dans l'ancien fort colonial de Oualata. Tous avaient participé dans les années 80 à l'émergence des Forces de Libération Africaines de Mauritanie (FLAM), un mouvement de dénonciation et de revendication visant à faire respecter les droits politiques et culturels des populations noires en Mauritanie. C'est à la suite de ces rencontres, que Pierre-Yves Vandeweerd a eu l'idée de réaliser un film sur l'histoire de ces anciens prisonniers afin que celle-ci ne tombe pas dans l'oubli.

Pour la réalisation du Cercle des noyés, Pierre-Yves Vandeweerd a dû rencontrer les anciens prisonniers en cachette et sans caméra afin que ceux-ci n'aient pas d'ennuis avec le Président Ould Taya qui les avaient enfermés dans le fort de Oualata. Le réalisateur précise " pendant près de huit ans, nous nous sommes rencontrés pour nous livrer, ensemble, à ce travail de mémoire. Nous nous retrouvions souvent la nuit, au domicile de l'un ou de l'autre, pour qu'ils témoignent de leur quotidien à Oualata, du contexte politique et des événements d'alors, de leur vie après leur libération. Dans un premier temps, leurs paroles sont restées dans le registre du factuel. Par la suite, petit à petit, d'autres géographies de leurs mémoires se sont dévoilées."

Fara Bâ , ancien prisonnier, mais également narrateur du Cercle des noyés a émis le premier le souhait de voir son histoire et celle des autres prisonniers racontée sous la forme d'un film. Celui-ci précise "depuis notre libération, jamais nous n'avons été réhabilités par le pouvoir en place et rien à ce propos ne semble vouloir changer. Grâce au Cercle des noyés notre histoire ne tombera pas complètement dans l'oubli."

Le réalisateur a proposé à Fara Bâ d'écrire le scénario du Cercle des noyés avec lui et de commenter le long métrage en parlant à la première personne. Les deux hommes ont tenté d'écrire "un récit aussi sobre que possible, à la fois personnel et universel, dans lequel chaque mot serait essentiel." Pierre-Yves Vandeweerd ajoute qu'une fois achevé, "ce texte a été traduit en langue peule. Sa lecture par Fara Bâ a été enregistrée à Nouakchott, de manière clandestine. La dimension brute de cet enregistrement me semblait importante pour conférer à la narration toute sa spontanéité, son intensité aussi, ainsi que la juste distance entre le ton et son contenu."