Le titre fait référence à l'arme de poing calibre 357 Magnum sortie des ateliers de Manurhin en 1973. Ce revolver à six coups d'une précision excellente est utilisé par plusieurs unités d'élite comme le GIGN ou le Raid. "C'est le symbole d'une police révolue, confie Olivier Marchal. Il s'agissait alors du premier revolver construit en France depuis 1892. C'est ce qui a remplacé ma première arme, un Smith & Wesson. J'ai pas de rapport fétichiste aux armes. Je n'ai jamais eu une arme personnelle comme certains, mais quand on a eu un objet comme celui-là dans les mains, on ne peut-être que bluffé. Le MR 73 était un revolver compétitif et spectaculaire. Son design le rend très sensuel. Ses lignes sont très bien étudiées pour ne pas en faire une arme trop imposante."
Pour Olivier Marchal, " Il ne faut pas voir MR 73 comme une suite à 36 Quai des Orfèvres, mais peut-être envisager ce film, comme le troisième volet d'un triptyque qui a débuté avec Gangsters. " " Un triptyque qui aurait pour thèmes, la solitude, la désespérance et l'errance, poursuit le cinéaste. Au travers de ces trois films, j'ai voulu rendre hommage aux flics que j'ai connus. Des flics abandonnés par les leurs, trahis par les instances supérieures et rongés par un métier qu'ils mettent au-dessus de tout. Au-delà de l'intrigue policière, je souhaitais réaliser un film sur la rédemption et l'oubli comme condition de notre existence."
MR 73 est inspiré de faits réels. Olivier Marchal n'est jamais très loin dans l'ombre de Schneider, " ce flic qui emporte avec lui tant de fantômes et de cicatrices à vif, que la traque et la fuite se confondent en une même exigence " (Bénédicte Desforges, auteur de FliC, chronique de la Police ordinaire). " Au 36 quai des Orfèvres, l'institution dévorait les hommes, poursuit l'écrivain. Dans la visée de MR 73, c'est le passé du flic qui le broie, et qui lui rappelle sans répit que le présent n'est jamais une affaire classée. Olivier Marchal a confié ses démons aux personnages de MR 73. Schneider et les autres portent en eux des bouts de vraies vies qui n'appartiennent pas au cinéma."
"Je m'inspire d'une histoire vraie qui au final est diluée dans une dramaturgie fictionnelle, ajoute le cinéaste. Pour le respect de la mémoire de ces gens-là, il fallait que le film soit une oeuvre à part entière avec toute la magnificence, la beauté et l'impact que doit avoir chaque séquence. Le fait d'avoir retrouvé cette petite fille - jouée par Olivia Bonamy - vingt ans plus tard est un événement tellement extraordinaire que j'ai eu envie de le partager. Je me suis dit que la vocation de quelqu'un qui fait des films, c'est aussi de faire participer ce monceau d'émotions qui ont été les miennes à travers 20 ans d'existence au moment où cette histoire est arrivée et la sortie du film. Je souhaitais transmettre au public ces moments de vie, en lui disant que des évènements comme ceux que je raconte existent et que la vie d'un flic ça peut-être aussi ça !!!"
Après la sortie de 36 Quai des Orfèvres, Olivier Marchal a ressenti le besoin de se réfugier dans l'écriture. " J'ai eu beaucoup de propositions, explique-t-il. Il a fallu signer un film vite. Je voulais casser avec l'image du polar, alors je suis parti un peu dans toutes les directions. J'ai fini par travailler sur un énorme projet qui parlait de la montée du grand banditisme à Paris pendant l'occupation. C'est un projet qui me tient toujours à coeur mais à l'époque, j'ai eu l'appréhension de me trouver à la tête d'un projet de cette ampleur dont le budget était composé d'un chiffre et de beaucoup de zéro. Je n'étais pas prêt ! " En accord avec ses producteurs, le cinéaste a donc préféré revenir à une autre échelle, leur présentant l'histoire de MR 73, un projet qu'il portait en lui depuis 15 ans et que des évènements personnels avaient fait resurgir. Ils lui ont fait confiance et ce dernier a pu écrire le film en trois mois.
Pour Olivier Marchal, MR 73 s'inscrit dans la tradition de films comme Adieu, ma jolie de Dick Richards et The Pledge de Sean Penn. "Chacun peut y voir une citation discrète mais reconnaissante à Jansen alias Yves Montand dans Le Cercle Rouge mais également à Angel Heart, explique le cinéaste. Schneider, c'est un mélange de tous ces flics qui ne tient que sur la culpabilité. Un jour, il a débordé et depuis il se lève chaque matin avec le besoin de se racheter afin d'obtenir son passeport pour mourir."
Le personnage de Louis Schneider présente un point commun avec le Léo Vrinks de 36 Quai des Orfèvres et le Franck Chaïevski de Gangsters. " C'est leur volonté d'accomplir leur mission et de bien faire leur travail, raconte Olivier Marchal. La " vocation " est un des thèmes récurrents qu'on trouve derrière les personnages de Chaïevski, Vrinks et Schneider. Ils sont honnêtes par rapport à leur fonction et sont animés par le même besoin de vérité. Autre recoupement entre les personnages de mes films, l'abandon. Ils sont abandonnés parce qu'ils sont différents. Louis Schneider est différent parce qu'il est alcoolique."
Pour ce troisième long métrage, le réalisateur Olivier Marchal s'est entouré de fidèles. Hormis Daniel Auteuil, déjà héros de 36 Quai des Orfèvres, le casting compte en son sein Gérald Laroche, que l'on a pu voir dans Gangsters - premier film d'Olivier Marchal en tant que cinéaste - ainsi que son épouse Catherine Marchal, Guy Lecluyse et Francis Renaud, déjà présents au générique de ses deux précédents films.
Le tournage de MR 73 s'est déroulé du 14 février au 7 mai 2007 à Paris, Marseille et La Beaumaderie.
Olivier Marchal avait également proposé le rôle de Louis Schneider à Gérard Depardieu, mais c'est Daniel Auteuil qui s'est porté volontaire en premier.
Olivier Marchal aurait souhaité que Jean-Paul Belmondo fasse partie du casting, une façon pour le réalisateur de rendre hommage à cet acteur vétéran, habitué aux rôles de flic risque-tout. Malheureusement en raison de ses problèmes de santé, celui-ci ne put participer au tournage.