Je commence cette critique en évoquant l'émotion que j'ai ressenti tout au long du film: Du chamboulement. La retranscription d'une relation fatalement impossible, malgré l'amour grandiose que porte chacun des deux pour l'autre est parfaitement bien adaptée à l'écran. Entre Leslie Cheung, jouant l'amoureux simple qui ne désire que de vivre au jour le jour, et tony cheung, qui au contraire, ne souhaite que de s'échapper de cette relation qu'il sait combien il l'a fait souffrir, et enfin Chan Cheng, jouant l'ami de Tony, étant lui-même perdu dans sa vie, effectuant des choix sans réel fondement, pour pouvoir se sentir heureux.
Je pense que le titre Happy Together est très bien choisit. Les deux paraissent visiblement heureux ensemble lors d'un court instant éphémère, mais à quel prix? Au prix de disputes moroses et violentes, au prix d'un ennuie et d'une souffrance qui malmène ces deux chinois rongés par la misère et l'inquiétude de ne pas survivre le lendemain. Malgré cette routine sale et malpropre, les deux amoureux tentent de survivre et de se soutenir le mieux qu'ils peuvent, bien qu'ils n'arrivent plus à trouver de l'espoir dans cette relation dénouée, dont les liens détachées s'éloignent entre eux de plus en plus.
Le film possède cette fascinante manière de décrire et d'exploiter les émotions et la situation des personnages principaux non pas dans la parole, mais par l'image. Il n'y a pas nécessairement beaucoup d'informations concernant leur arrivé en Argentine, ni davantage d'explications concernant Chan Cheng, mais tout parait clair et il ne faut pas davantage de mots pour comprendre ce qu'il se passe. IL est tout de même possible de reprocher cette position discrète et évoluant dans l'implicite, étant donné que certaines informations ne parviennent pas à être déceler, mais je pense que c'est propre à la cinématographie chinoise, qui comme Adieu ma concubine, ne reste pas sur les mots, et exploite le quotidien de deux personnes totalement "normale" étant donné qu'ils ne sont que le reflet d'une majorité de relations.
C'est ça qui est marquant dans le film, les personnages ne sont pas spéciaux, ni uniques, mais leur relation amoureuse elle, leur permet de croire un instant qu'ils puissent l'être pour l'autre, on peut même pousser cette analyse encore plus loin, en affirmant qu'ils essayent de se compléter tant bien que mal, pour essayer d'y croire à cette passion qui ne s'efface qu'à petit feu, petit à petit.
Je peux reprocher à ce film en revanche de n'avoir pas mieux expliquer les origines des disputes entre les deux épris, mais c'est sûrement un choix du réalisateur de montrer que les plupart des disputes n'ont aucun sens, et que le seul résultat retenu sont les cris et la violence. Également, je trouvais que Chan Cheng était bien trop éloigné de l'histoire entre les deux, bien qu'il était important, j'aurais voulu qu'il soit davantage rattaché à l'histoire.
Je pourrais évoquer l'aspect "progressiste du film" au vu de mettre en avant une relation homosexuelle, mais cela serait réducteur au chef d'œuvre qu'est ce film, qui ne s'arrête pas à l'homosexualité. C'est une des plus belles histoire d'amour que j'ai pu voir à l'écran, du fait de son réalisme et d'une exposition cru et dur de leurs émois.
on en oublie leur homosexualité car c'est davantage une histoire d'amour qu'un simple penchant sexuel, qu'un choix superficiel pour rendre son film progressiste.
Je retiens la scène du tango principalement, qui est tout simplement sublime (le jeu de séduction, le jeu d'acteur qui est impressionnant) et la scène du dictaphone qui m'a particulièrement touché.
Celle de la séparation, où Leslie Cheung récupère finalement son passeport m'a aussi émue, étant donné qu'il était désormais certain de ne plus jamais revoir celui qu'il a tant malmené, mais tant aimé.
Je retiens cette phrase de l'ami
"L'oreille est le sens le plus important, il nous décèle des choses que la vue nous cache grâce au grain de la voie des autres. Toi, tu n'es pas heureux Fai". (traduction approximative haha).
Je ne peux que le conseiller.