Les dernières heures de l’Algérie française vue par un enfant : un sujet intéressant car peu exploité au cinéma, d’autant plus intéressant que le point de vue qui nous est offert est celui d’un enfant. Un enfant que Mehdi Charef, à la fois scénariste et réalisateur, a été. "Cartouches gauloises" est donc une œuvre en partie autobiographique, à laquelle ont été rajoutés des faits qui lui ont été rapportés quelques années plus tard. A travers le jeune Ali, Mehdi Charef nous raconte à son tour une période qui l’a marqué (n’importe qui ayant survécu à cette sombre période le serait à moins), par le biais d’une succession de scènes. Certaines d’entre elles comportent de la brutalité, de la violence voire même de la cruauté, des comportements qui sont souvent les conséquences d’une très grande tension, plutôt palpable dans le film. Des conséquences qui sont aussi la résultante de la bêtise humaine. Le choix de cette succession plus ou moins mises bout à bout apporte un inconvénient qui peut en gêner quelques-uns : l’ensemble de l’œuvre ne comporte pas vraiment de fil conducteur qui emporterait le spectateur dans une totale adhésion émotionnelle, comme avait su le faire Radu Mihaileanu avec son film "Vas, vis et deviens", un long métrage construit également du point de vue d’un enfant, mais ô combien puissante émotionnellement parlant. Nous avons affaire ici à une narration de style infantile, donc sans grande cohésion, le but avoué étant de vivre (ou survivre) bon gré mal gré au milieu des forces armées omniprésentes d’une part, et des poseurs de bombes d’autre part, au beau milieu de cette haine naissante. Pour ce faire, la caméra a été focalisée sur l’enfant qu’a été le cinéaste, ou a supplanté ses propres yeux. Tout ceci expliquerait (vous remarquerez que j’emploie le conditionnel) cette succession de scènes les unes derrière les autres, dans lesquelles se trouvent des séquences pas si mal que ça
, comme Nico qui, on l’aura compris, ne fait que répéter que ce qu’il a entendu dire de ses propres parents en dépit de sa grande amitié avec Ali
. Ce style de mise en scène est intéressant, tout comme le sujet, mais au final, on a l’impression d’avoir assisté à quelque chose d’une affligeante banalité. Et ce en dépit du très bon support musical signé Armand Amar, venant appuyer efficacement certaines scènes, notamment celles qui se passent aisément de dialogues. Il est seulement dommage que certains thèmes reviennent si souvent. Je vais m’arrêter là parce que je viens de m’apercevoir que je suis plus ou moins en train de dupliquer les avis des internautes Ernst L. et Cluny, que je vous conseille de lire, car je crois qu’ils ont tout dit et que, vous l’aurez compris, je partage leur avis. Pour conclure, le film de Mehdi Charef ne semble pas inoubliable mais il mérite quand même d’être vu, ne serait-ce que pour notre information personnelle quant à l’Histoire.