Relecture du mythe en version moderne, cette version signée Kenneth Branagh (réalisateur du pitoyable "La flûte enchantée", et du merveilleux "Hamlet"), dépasse l'original. J'entends déjà les sifflets d'ici, mais pourtant. Détestez-moi autant que vous le voudrez, mais cette version, osée, puissante et surprenante, contient une force et une obscurité aussi poignante que diaboliquement saisissante. Les couleurs primitives (utilisation de néons roses, bleus, verts, rouges...) dans une architecture maladive et d'une froideur complexe, équipée de caméras de surveillance à tous les angles et d'un système high-tech dans toutes les salles, jouent la carte de l'excessif pour cet exercice de style brillamment orchestré et mis en scène. On reprochera juste au scénario d'opter pour une troisième partie discutable sur l'homosexualité improvisée qui se lie entre les deux hommes (point ambigu pas inintéressant, mais traité sans rythme malheureusement - à noter qu'il s'agit, scénaristiquement parlant, de la seule différence avec l'original - ). Mais "Le limier" de Kenneth Branagh, même si l'on remarque beaucoup de points communs avec la version originale (jusque dans certains dialogues identiques : << Le chemin le plus court vers le coeur de l'homme est l'humiliation. >>), reste une oeuvre indiscutablement profonde et subtile. Utilisant à merveille le dispositif quasi-futuriste du manoir, pavé glacé et effrayant dans la nuit noire, le cinéaste joue sur les codes du huis-clos en dépeignant un échange macabre entre les protagonistes, et en parlant de l'adultère en tant que crime humain. Mais si le film entretient un rapport intime avec son prédécesseur, il entretient aussi des différences, et notamment dans l'atmosphère ; évidemment, le décor étant différent, l'univers se métamorphose : ici, peu d'humour, mais beaucoup de zones sombres, de réactions brutales et de coups de théâtres d'autant plus percutants. Cette version fait la part belle à la violence humaine quand l'autre nous dém