Tandis que le dernier film du duo de réalisateurs biberonnés à l'esprit "mad movies", Le Mangeur d'âmes m'était apparu plus que convenable et que mon avis globalement positif allait à contre courant de l'appréciation générale, je repérais sur les présentoirs DVD ce film qui lui semblait remporter l'adhésion de ceux qui l'avaient vu. Je décidais donc de l'acquérir pour le découvrir, persuadé de façon un peu naïve que devant autant de louanges et d'avis extraordinaires je verrai un grand film.
Et bien, une fois de plus je vais asseoir ma singularité critique, mais je trouve ce film mauvais et je vais ici développer en quoi j'ai absolument pas apprécié la proposition et je vais spoiler à balles, donc si vous voulez garder la surprise d'une découverte revenez me lire plus tard.
Le film tient, il faut le reconnaitre, sa promesse d'une explosion sanglante, d'un tabou brisé sans finesse et si votre envie de spectateur se résume à juste voir des corps mutilés, des gerbes de sang, des éviscérations artistiquement réalisées ou des énucléations explosives, le film vous réjouira. Les effets spéciaux et les maquillages sont plutôt convaincants, les souffrances physiques infligées sont bien graphiques et provoquent les réactions épidermiques et physiologiques qu'on est en droit d'attendre d'un tel spectacle. Les deux principales actrices s'en sortent correctement, mais sans non plus délivrer des prestations inoubliables, quant au reste du casting il réussit l'exploit d'être mauvais alors que leur temps de présence est réduit à la portion congrue. Nicolas DUVAUCHELLE trouve ici son rôle le plus caricaturale de flic faussement rebelle.
Allez c'est parti pour l'équarrissage et je le redis en guise d'avertissement, je vais spoiler comme un éjaculateur précoce dans une orgie !
Ce film est incohérent et invraisemblable à un tel niveau qu'on est en droit de se demander si les réalisateurs et scénaristes ont fait des AVC durant la période de production ou s'ils ont espérés du public une atonie cognitives telle qu'ils pourraient leur faire avaler une succession de débilités qui en devient insultante !
Sarah, victime d'un accident de la circulation alors qu'elle est enceinte, dans lequel elle perd le père de l'enfant, se prépare à passer quelques mois plus tard, la nuit de noël seule, sachant qu'elle doit accoucher le lendemain. Bon déjà il faut surseoir à sa crédulité et ne pas s'étonner que son obstétricien ne la garde pas à l'hôpital. Mais bon, une explication scabreuse et on peut donc la renvoyer seule, à son domicile, ce qui va permettre de poursuivre l'objectif narratif et l'alibi qui m'a conduit comme spectateur potentiel à jeter un œil sur ce film. La nana elle va connaître une fin de grossesse cauchemardesque et sans péridurale et des hystérectomies à la hache et son bébé aussi il va en chier !
Lorsque parait la femme qui va incarner l'entité venue infliger à la pauvre Sarah ses sévices les plus cruels et ses tortures les plus raffinées, le film durant toute sa durée nous la caractérise comme une sorcière, elle se déplace de façon indétectable, elle est éclairée comme tel, même sa robe doit nous évoquer la figure des sorcières issues des films de Mario Bava. Le projet d'un postulat surnaturel, démoniaque, d'une secte à l'instar d'un classique de la prise indue de progéniture à naître, Rosemary's baby aurait pu me passionner, mais non le film dévoile à la fin que cette femme est une sociopathe devenue sociopathe parce qu'elle a perdu l'enfant qu'elle portait lors de l'accident où Sarah et son fœtus ont survécut ... Mais putain t'as passé une heure et quinze minutes à nous faire un film dans lequel on attend l'expression radicale d'une diablerie et en lâche, qui soit ne sait pas ce qu'il veut raconter, soit prend son public pour une masse de décérébrés qui n'y verra que du feu tu reviens vers une approche psychologique qui tombe à plat !
L'intervention de la police ! D'accord je ne tiens pas les représentants des forces de l'ordre pour les humains les plus fins et intelligents qui soient, mais là on peut je pense parler d'outrage ! Pas un choix, pas un comportement n'obéit à une logique ou à une plausibilité ancrée dans le réel. Sachez par exemple que selon ce film si vous voulez commettre un méfait sans être emmerdé par les flics, prévoyez de payer quelques jeunes de cité pour qu'ils détournent l'attention en brûlant quelques véhicules et tous les effectifs seront occupés, il ne restera pas un agent, pas un planton pour s'occuper du reste, le film ne se déroule pas dans un village qui partage sa gendarmerie avec dix autres bleds d'un désert rural, il se passe en région parisienne ! Vous saisissez l'invraisemblance du truc ?
Alors je veux bien que pour des soucis de narration on prenne des libertés avec la crédibilité mais quand ces libertés sont systématiques, fruits d'une paresse d'écriture et qu'au final elles ne servent à rien ou si, installer un personnage de gardé à vue inutile, incohérent, impossible, un mec arrêté pour des faits de petite délinquance qui se retrouve menotté mais armé, mis en danger sans raison qui va mourir parce que bon, hein c'est le projet, alors bon on s'en bat les escalopes. Que le flic dézingué quelques minutes plus tôt se relève façon "mort vivant" pour permettre un jump scare digne de la plus vile prostitution, que Sarah à aucun moment ne manifeste sa présence quand se présentent à son domicile les personnes qui auraient pu écourter son calvaire, je sais bien que les comportements des personnages dans ce genre de films sont souvent aberrants mais je pense que là on a piétiné les accords de Genève de l'écriture de films d'horreur !
C'est interdit d'écrire aussi mal, et la promesse d'un film généreux ne peut se substituer à un certain respect à mon intelligence. Ou alors on choisit d'aller totalement vers le grand n'importe quoi en faisant intervenir l'extraordinaire mais ici l'ancrage permanent dans une peur émanant d'un concret, d'un palpable, d'un analytiquement possible m'a rendu l'ensemble pénible. Un film qui dure moins d'une heure et demie qui est parvenu à me faire regarder ma montre, faut le faire !