Un film très inégal. Doté de bons points, voir de très bons, il est aussi doté de vrais handicaps, qui gâchent considérablement son potentiel. Je vais commencer par les bons points. Le casting d’abord. Très solide, il confronte essentiellement Alysson Paradis et Béatrice Dalle, toutes deux excellentes (même si Dalle nous ressert toujours la même sauce). Très investies, elles livrent des prestations de très bonnes qualités, et font indéniablement monter l’intérêt de A l’intérieur. Parmi les autres points positifs, les effets gores évidemment. Le film fait clairement ce choix (cela devient d’ailleurs une caractéristique du cinéma d’horreur français). Très réussis, ils manquent un peu de variété, certains sont surréalistes mais dans l’ensemble c’est largement convaincant. Autant dire d’ailleurs qu’A l’intérieur est réservé uniquement à un public d’habitué. Je note aussi une mise en scène très travaillée, et qui propose quelques plans remarquables (petit bémol à des effets de style inutiles) et une musique envoutante par moment. Mais, il y a aussi des éléments très négatifs, et surtout le scénario. C’est triste à dire, mais A l’intérieur ne tient pas la route. Partant sur un postulat intéressant, la fin est malheureusement totalement connue après 5 minutes. Il était par ailleurs difficile de faire vivre cette histoire sur un long métrage (en fait très court car durant 1 heure 15 au plus et avec les génériques encore) sans se confronter à deux problèmes majeurs : des longueurs et des invraisemblances. Les longueurs ne sont pas trop présentes, même si le film surjoue la carte « rebondissements gores » pour faire passer la pilule, car en fait il ne se passe rien. C’est franchement extrêmement creux, et c’est d’autant plus dommageable, qu’il y avait sans doute de quoi faire un métrage nettement plus solide avec l’idée de base. Le coup du huis clos était probablement une erreur. Coté invraisemblances là par contre A l’intérieur est salée. Les deux protagonistes ont maint fois l’occasion de se tuer, pourtant nada. C’est limite si elles n’envoient pas un texto pour prévenir ! Les policiers ne sont pas équipés de radio, ne préviennent évidemment personne face à une scène de crime et se la joue Rambo du dimanche ! Le coup du « je vais remettre l’électricité attendez là » plutôt que « suivez moi on va sortir d’ici » est d’une lourdeur affligeante. Bref, c’est pathétique de voir un tel chapelet d’incohérences, évidemment faites pour prolonger l’histoire qui à tout cassée aurait du durer 10 minutes. Bien sur tous les films ont recours à des subterfuges de ce genre, mais là ils sautent tellement aux yeux et sont en quantité si importante que c’est impardonnable. D’autant que le métrage est très premier degré, et du coup on aurait aimé un travail plus solide. Je note aussi une photographie parfois trop sombre.
Bref, A l’intérieur a tout de même des arguments, mais le cinéma horrifique français en règle générale devrait savoir que les effets gores ne sont rien sans un minimum de cohérence (il n’y a pas que les français d’ailleurs). La moyenne malgré tout.