"J'espère que le Pacifique est aussi bleu que dans mes rêves !" (Red)
Inspiré par “Rita Hayworth and the Shawshank Redemption”, première histoire du recueil de nouvelles “Différentes Saisons” de Stephen King sorti en 1982, “Les Évadés"- le re-titrage le plus idiot de l’histoire des re-titrages - est sans doute l’une des meilleures adaptations cinématographiques du romancier (avis perso). Avec en toile de fond l’univers carcéral de la fin des années quarante jusqu’à la fin des années soixante, c’est deux décennies dans la vie des prisonniers du centre pénitencier de Shawshank dans l'État du Maine que le réalisateur Frank Darabont va nous conter. Avec l’aide d’un narrateur de choix en la personne de Ellis Boyd “Red” Redding (Morgan Freeman), un détenu - non, plus que cela, une figure de l’institution - nous allons faire la connaissance de Andrew Dufresne (Tim Robbins), un jeune banquier condamné à deux fois la perpétuité pour le meurtre de sa femme et de l’amant de celle-ci. En prologue, Frank Darabont pose les bases d’un fait divers sordide à travers un double meurtre et le procès éclair qui en découle. L’infortuné Andy Dufresne dans une posture à la fois froide et réservée tente pourtant de clamer son innocence, mais les preuves accumulées contre lui sont accablantes. La justice des hommes a choisi de l’enfermer pour toujours derrière les murs d’une prison. S’ouvre alors à lui, un autre monde régi par ses codes, sa hiérarchie et son omerta. Un monde dans lequel, la privation, la souffrance, la solitude, la soumission et la violence sont la norme, mais l’amitié et surtout l’espoir peuvent malgré tout, y trouver leur place. Dans “Différentes saisons”, Stephen King dissèque la société américaine avec finesse et intelligence. Frank Darabont le confirme avec cette adaptation de luxe. Durant 2h20, il n’aura de cesse lui aussi, à travers le parcours de Red et d’Andy, mais pas seulement (beaucoup d’autres personnages très importants pour le récit rayonnent autour des deux acteurs principaux), de fustiger l’administration pénitentiaire dans ce qu'elle a de plus immorale, corrompue, brutal et injuste, au nom de la religion qui élèvera les corps et les esprits de ces condamnés. Le directeur Bob Gunton (l’inquiétant Samuel Norton) offre d’ailleurs une bible à chaque nouvel arrivant et se porte garant des âmes de ses ouailles. Darabont dénonce sans détour, un fanatisme religieux omniprésent - il en remettra une couche dans le terrifiant “The Mist” quelques années plus tard ! Les Évangiles comme enseignement et la matraque du Capitaine Hadley (Clancy Brown que l’on n’avait pas vu aussi sadique depuis son rôle du Kurgan dans “Highlander”) comme remède, voilà ce qu’est le dur quotidien de Shawshank. Que dire de plus sur ce drame majeur aux scènes cultes, aux dialogues percutants, au suspense intenable qui vous prend aux tripes dès les premières secondes sans plus jamais vous lâcher, si ce n’est le voir où le revoir encore et encore !