Le film est un superbe mélodrame sur un thème qu’affectionne particulièrement Pagnol, celui de la fille-mère et de l’honneur perdu, en l’occurrence ici, Patricia (Josette Day, 26 ans, alors compagne du réalisateur), fille ainée (18 ans et ayant vécu de 6 ans à 15 ans à Paris avant de revenir vivre près de Salon-de-Provence) du puisatier Pascal Amoretti (Raimu, 57 ans), veuf et père de 6 filles, dont l’assistant est Félipe Rambert (Fernandel, 37 ans), le cœur sur la main, et enceinte d’un aviateur, Jacques Mazel, 24 ans (Georges Grey, 29 ans) disparu pendant la bataille de France et fils du propriétaire du bazar (Fernand Charpin, 53 ans) et qui a été à l’école primaire avec Félipe. Le film bénéficie du talent des acteurs, de dialogues savoureux (« Il faut se méfier des gens qui vendent des outils sans s’en servir ») ou émouvants (pour Patricia, « le sacrifice des soldats morts des batailles perdues sont la raison de vivre des vaincus »), traite des gens simples [comme « Regain » (1937)] et, bien que très daté [il est tourné avant et après le discours radiophonique du 17 juin 1940 du Maréchal Pétain (1856-1951), annonçant qu’il faut cesser le combat], il reste toujours d’actualité concernant les relations de classe et le mépris de classe (scène cruelle quand le puisatier, en présence de ses 6 filles, vient présenter la situation aux Mazel).