Tout d'abord, il ne faut pas regarder ce film pour son scénario. Il s'agit d'une rencontre improbable entre un pompiste rongé par l'alcool et un jeune trafiquant de drogue paumé du XVIIIe arrondissement parisien. Les deux personnages principaux, le premier, incarné par Coluche, et le second par Richard Anconina, ont un point commun : une vie chaotique pour ne pas dire tragique. Le décor est rapidement planté, nous sommes dans le vif du sujet. Au fur et à mesure, nous en apprenons davantage sur Lambert et sur les origines de sa dépression chronique. Je n'en dis pas plus pour ceux (s'il y en a encore en 2018) qui n'auraient pas vu ce très bon film de 1983. Pour moi, "Tchao Pantin" est le film le plus abouti, et de loin, de Coluche, voire même une consécration, dans un registre où on ne l'attendait pas : le drame. Coluche, ou plutôt Lambert devrais-je dire, est époustouflant du début à la fin, il est à la fois touchant, déterminé, écorché vif, aigri, et d'une certaine manière, clairvoyant... Claude Berri nous transporte dans l'univers sordide des nuits parisiennes, où l'ennemi est à la fois invisible et présent. L'ambiance est littéralement oppressante, les acteurs sont dans la justesse (pour ne pas dire plus), et l'issue n'est pas forcément convenue à l'avance, quoique... Même les seconds rôles sont brillants, que ce soit Agnès Soral (Lola) ou Philippe Léotard (Bauer) qui nous livre une prestation de bonne facture en tant qu'inspecteur de police fatigué et désabusé. En conclusion, "Tchao Pantin" fait partie, selon moi, des incontournables du cinéma français (et plus particulièrement des années 80), ne pas voir ce film, ce serait incontestablement passer à côté de quelque chose.