Le producteur Eric Kabera s'explique: "Mon objectif est de faire des films qui changent le regard que l’on porte sur l’Afrique. Dépeindre les gens de la manière la plus fidèle possible est le meilleur moyen d’y parvenir. Les touristes ne doivent pas uniquement se rendre en Afrique du Sud pour les safaris, ils peuvent aussi visiter le Burundi, le Rwanda ou d’autres pays, et voir autre chose, sortir réellement de cette bulle."
Debs Gardner-Paterson confie que certains traits des personnages sont apparus à la lumière des différents voyages et des rencontres qu'a pu avoir la réalisatrice : "L’objectif était de restituer l’esprit des différents lieux et de laisser les personnages s’en imprégner. Grâce à mon cousin qui vit au Burundi, nous avons rencontré des gens qui dirigent un centre de réhabilitation pour les enfants des rues et d’anciennes prostituées. J’ai fait trois séries d’interviews avec ces enfants pour comprendre leur histoire. Il y avait notamment cette jeune fille qui avait travaillé comme prostituée mais qui avait du sang royal – nous nous en sommes inspirés pour créer le personnage de Celeste."
La séquence de la "vision de Dudu" est une séquence animée comprenant des marionnettes. Elle a été créée à partir du récit du jeune garçon. La réalisatrice Debs Gardner-Paterson raconte : "L’Afrique a une telle tradition du conte, il fallait que cet aspect soit reflété dans le film. Nous étions ravis de travailler avec l’équipe de Blinkink, dirigée par Simon Willows, pour donner vie à la «vision de Dudu». Leur implication dans l’authenticité du projet était cruciale – comment imaginer visuellement et créer un monde tout droit sorti de l’imagination d’un enfant des rues rwandais analphabète ? Les animateurs se sont rendus au Rwanda pour effectuer des recherches et ils ont travaillé sur les visuels avec un groupe de familles uniquement constituées d’enfants dans le nord de Byumba. Ils sont revenus avec 11 valises remplies de tissus et d’objets rwandais, et ont créé l’univers de Dudu à partir de tout cela."
Le producteur Mark Blaney raconte : "Je suis allé chez mes beaux-parents dans le Norfolk ; ils ont des magazines (...) partout et ce jour-là, je suis tombé sur Fabrice qui me fixait sur une page : Roger Nsengiyumva. Il était né au Rwanda au moment du génocide, son père avait été tué, sa mère avait fui le pays et s’était réfugiée au Royaume-Uni, et depuis ils vivaient à Norwich. Roger avait même passé les sélections pour intégrer le Norwich City Football Club ! J’ai fait ce que tout le monde aurait fait : j’ai regardé dans l’annuaire. Il n’y a pas beaucoup de gens avec un nom rwandais à Norwich. J’ai appelé la veille de Noël et j’ai dit : «Je sais que cela peut vous paraître très bizarre mais je suis producteur de cinéma et je pense que votre fils pourrait être parfait pour notre film.» Debs est venue à Norwich entre Noël et le Nouvel An et trois semaines plus tard, Roger prenait l’avion direction l’Afrique pour interpréter Fabrice. Je crois qu’il n’est toujours pas redescendu sur terre !»"
Les producteurs ont parcouru le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda et le Royaume-Uni à la recherche des enfants qui seraient capables d'interpréter avec justesse les héros du film.
Si l’histoire d’Africa United commence avec des enfants qui veulent assister à la cérémonie d’ouverture de la Coupe du Monde de Football 2010, Rhidian Brook, le scénariste, explique : "Le football n’est que l’étincelle, le prétexte. Ce n’est pas un film sur le foot, c’est un road movie". Debs Gardner-Paterson ajoute : "Nous avions l’idée directrice et quelques personnages. Nous voulions que le film parle d’un gamin des rues et d’un enfant africain issu de la classe moyenne qui montent accidentellement dans un bus en direction du Congo. Nous nous sommes tout de suite dit que le meilleur moyen de les comprendre, c’était de faire le voyage !"
C'est Eric Kabera, fondateur de Hillywood, un festival de cinéma itinérant proposant des films aux habitants du Rwanda, qui est à l'origine du projet d'Africa United. Son collègue Ayuub Kasasa Mago avait travaillé avec la réalisatrice Debs Gardner-Paterson sur son court métrage We are all Rwandans, et c’est par l’intermédiaire de celui-ci que le projet est arrivé jusqu’aux producteurs anglais Jackie Sheppard et Mark Blaney.
L'acteur Emmanuel Jal (Tulu dans le film) a été dès six ans enfant-soldat au Soudan. Après avoir été secouru par une femme travaillant pour une mission humanitaire, Jal a pu reprendre une nouvelle vie, aller à l’école et commencer à faire de la musique. Il est aujourd’hui rappeur militant pacifiste et auteur du livre "War Child".
Mike Gunn, le chef décorateur, d'Africa United explique: "Nous avons été fidèles à la réalité de l’Afrique. Pierre et moi avons passé beaucoup de temps à étudier les vêtements des gens, ce qu’ils transportent, comment ils voyagent, quel est le moyen de transport le plus répandu, à observer les détails du quotidien des habitants du continent. (...) Je pensais qu’avec le Rwanda, on devait débuter avec un esprit de joie et d’entrain, avec des couleurs éclatantes. On passe ensuite au Congo, où l’attitude est plus sérieuse – c’est là que les choses commencent à aller de travers – nous avons donc utilisé des couleurs plus crues, plus fortes. Le Burundi est plus enjoué, plus ludique, avec l’utilisation de couleurs pastels… (...). Nous avons choisi deux couleurs pour chaque pays, de telle sorte que l’une ou l’autre soit présente dans presque tous les plans."
Bernie Gardner est le compositeur de la bande originale du film. Il est également le mari de Debs Gardner-Paterson. La musique mêle des relents pop à des chants traditionnels du Rwanda et du Burundi et a été composée sur le tournage. "On peut toujours faire des choses en studio, mais je suis plus intéressé par le fait d’aller sur place", confie Gardner.
Africa United est le premier long métrage de la réalisatrice Debs Gardner-Paterson. Elle a réalisé auparavant quatre courts métrages qui lui ont valu plusieurs récompenses. Elle a un attachement particulier pour le Rwanda : ses arrières-grands-parents y ont émigré au début du XXe siècle et certains membres de sa famille y vivent toujours. Sa mère y est née et y a passé son enfance et sa grand-mère y est enterrée.