... je ne cache pas que je suis un tantinet déçu, mon cycle de la mini série "Películas para no dormir" avait très bien démarré avec "La Chambre du fils" de Álex de la Iglesia et celui ci s’apprêtait à offrir également son lot de frissons et de purs moments d’immersion, cette fois c’est Jaume Balaguero ("[REC]") qui s’y colle en transposant à nouveau son histoire dans une habitation mystérieuse, mais malheureusement avec moins de talent et de maitrise que son compatriote, et pourtant tout était si bien parti …
Le récit débute par ce qui semble être un flashforward (?), une femme tachée de sang en panique avec son bébé dans un appartement sombre aux murs décrépies et aux tableaux sinistres, on ne peut tout de suite identifier la menace, si on est dans un contexte surnaturel ou non, ce qui est tout de même un point positif, l’énigme reste imperceptible. Ensuite on s’intéresse à un couple (Clara et Mario) à la recherche d’un nouveau logement, ils vont avoir affaire à une propriétaire peu commode qui se révélera être une séquestratrice, les deux vont être piégés entre ces quatre murs et se rendront vite compte qu’ils ne sont pas les seuls à être enchainés et qu’il s’agit bel et bien d’une machination psychotique inimaginable.
Je dirais que les vingt premières minutes sont franchement bonnes car le mystère se met correctement en place bien que le couple n’a pas vraiment le temps d’être dûment présenté, le film se focalisera surtout sur la jeune femme, on entre dans cet appart poisseux et lugubre où la proprio tente comme elle peut de le présenter sous les meilleures apparences, on ne sent pas encore le caractère dérangé mais on a des doutes, elle cache des choses, ils retrouvent leurs propres affaires dans la chambre, c’est l’incompréhension totale, on se demande si ça n’est pas une histoire de bouleversement d’espace temps, un truc ésotérique, mais en fait pas du tout (snif). La réalisation montre une certaine qualité notamment avec un cadre tremblotant renforçant l'affolement ainsi que l’aspect suspense, et une gestion intéressante de l’éclairage, les acteurs sont eux plutôt bons, mais le problème c’est que la narration va prendre un tournant pour le moins abrupte. Car oui on nous expose les enjeux un peu trop rapidement, ce qui fait qu’on assimile quasiment toute la situation et qu’il ne reste que de rares questionnements ci ce n’est la véritable intention de tout ce foutoir crasseux manoeuvré par cette folle.
La suite du film s’efforcera à nous tenir en haleine face à la tentative d’évasion des protagonistes, et je dirais que le boulot est un peu prémâché, l’inventivité n’est plus de mise et le récit nous balancera même quelques petits clichés dérangeants (comme retourner dans l’appart alors qu’il réussissent à se délivrer), des incohérences (Clara téléphone à un moment à sa meilleure amie, lui disant que quelque chose ne va pas du tout, elle ne prévient personne par la suite ? Drôle de pote; Le type enchainé se montrait menaçant, pourquoi le libérer par la suite sans aucune crainte ?) et même des effets de style plutôt barbants (musique et slowmotion vers la fin). De plus le personnage de la séquestratrice manque réellement de profondeur, je trouve que même sur un format moyen métrage (un peu plus d’une heure) il aurait fallu d’avantage accentuer sa psychose et non se perdre dans des bribes de courses poursuites parfois inutiles, c’est pas en la voyant s’agiter avec un bâton en tapant sur une cage d’ascenseur qu’on va avoir peur d’elle, c’est pénible de se rendre compte que son traitement est à moitié loupé, voir même frustrant. Ce qui fait que l’angoisse et la fatalité de ce final ne fonctionne pas super bien, même si l’idée de famille recomposée et de la "poupéétisation" des victimes est bonne, mais qui là aussi méritait d’être davantage développée.
Bon après ça reste tout de même un film plus qu’acceptable car le contrat est rempli pour ce qui est de nous faire passer un petit moment d’épouvante, encore faut il être bon public, mais c’est tout de même décevant car on a vraiment l’impression que Balaguero s’est emmêlé les pinceaux sur ce qu’il devait mettre en valeur, plutôt que de poser des énigmes et d’étaler délicatement et promptement l’ambiance de ce huis-clos il en fait quelque chose de limite sensationnaliste, il choisit la facilité, donc c’est dommage, il avait semble t-il pourtant tous les ingrédients.