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Fêtons le cinéma
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4,0
Publiée le 16 octobre 2024
Unagi explicite non sans lourdeurs – volontaires ? – la métaphore filée de l’anguille qui prête son nom au film pour mieux en détourner la symbolique bien plus pernicieuse sinon : si elle dispose en effet d’une signification relative à la filiation et renvoie à l’illégitimité du bébé que porte Keito, elle désigne également, et peut-être surtout, la pulsion de mort inhérente à la sexualité qui gouverne l’être humain, masculin comme féminin. Le portrait croisé de deux individus condamnés à une vie en marge de la société et de la légalité, en témoigne la localisation reculée du salon de coiffure, sonde les puissances obscures à l’œuvre dans l’expression du désir et dans son assouvissement : le regard porté sur Takuro emprunte au cinéma de Fritz Lang, qui articulait si bien les questions de spoiler: meurtre et de loi par le biais d’un féminin encore et encore sacrifié ; en revanche, celui qui définit la femme non comme une potiche victimaire mais comme le pendant féminin de l’homme se revendique davantage d’un Nagisa Ōshima. Le choix de la chronique retranscrit la simplicité apparente des protagonistes, couve une spoiler: violence sourde qui rejaillit tantôt par des accès de rage – rappelant cette fois le giallo – tantôt par des fuites, des absences, des rendez-vous manqués . Un plan synthétise toute la démarche narrative et esthétique de Shōhei Imamura : la projection de Takuro en modèle réduit sur la vitre de l’aquarium où s’agite ladite anguille, soit l’impuissance de l’être humain à dépasser ses pulsions et la beauté paradoxale que produisent ses combats et ses échecs.
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1,0
Publiée le 23 février 2021
L'Anguille a essayé de s'habiller comme quelque chose de profond mais les choses ont empirer. Toutes les philosophies de vie qu'il prêche ne sont rien d'autre que du bon sens et vont bien au-delà de l'histoire et du thème c'est le moins qu'on puisse dire. J'aurais aimé que le réalisateur se donne la peine de nous montrer ce que le personnage principal dit exactement à son anguille lorsqu'ils communiquent entre eux parce que l'anguille semble être le seul lien qu'il a et qu'elle représente beaucoup pour lui. Nous pourrions ainsi mieux comprendre le personnage principal et le lien entre lui et son anguille. Cependant la seule et unique fois que nous voyons cela est la suivante le personnage principal s'est accroupi à côté de la cuve de verre et a demandé à l'anguille d'une voix tendre avec son visage plein d'inquiétude en la présence d'un voisin Est-ce que ça te plaît ici ?. Toute la scène est tellement absurde et déplacée que cela m'a fait mal...
Entre rédemption intimiste et métaphore animale, un film qui frappe d’entrée pour ensuite prendre un certain recul à travers les yeux de son personnage, parfois froid, sans artifices et ancré dans le quotidien, mais avec quelques parenthèses farfelues, aussi une remise en question de la société japonaise pour en soutirer un humanisme déjugé, savoir si le pardon est accordé…
Imamura filme la reconstruction, la rencontre de ces personnages réunis en quelque sorte par la mort. L'anguille est sa raison de vivre, sa psychothérapie personnelle, farouche comme lui, avant de se laisser apprivoiser par la nature douce de cette femme. Cependant le film n'est pas mélancolique. Il a même un côté Almodovar lorsque le mari revient faire sa scène de jalousie. Un récit tendre et doux quand on les imagine suivre la voie de la guérison.
Premier film d'Imamura visionné, entre la beauté des plans sur la nature de Tokyo et la folie des hommes, un film atypique. Tout tourne autour de Takuro et son anguille, à qui il arrive de nombreuses "tuiles" et c'est peu de le dire. Un film mené de main de maître qui présente la campagne japonaise de façon novatrice, mais qui souffre d'un certain manque de rythme par moment. Regardez l'Anguille si vous voulez jeter un nouveau regard sur le cinéma Japonais.
Débutant comme un film noir (un homme se met à l’écart du monde par rage et dépit après le meurtre de sa femme adultère), « L’Anguille » s’ouvre bientôt sur une sorte de fugue intime et subtile, à la fois mélancolique et ludique. Nous suivons avec émerveillement le parcours d’un protagoniste qui passe peu à peu du rôle de spectateur à celui d’acteur de sa propre vie, agrégeant autour de lui (et bien malgré lui) une petite communauté d’exclus ou de solitaires qui redonnent un sens au lien social. Le récit est comme un enchantement qui, sans jamais édulcorer la violence existentielle, se refuse à voir le monde comme irréfutable (une leçon de vie pour notre époque crépusculaire). Un film qui donne à penser et à voir un autre rapport au monde, mélange d’abandon panthéiste et de prise de conscience de l’autre dans son altérité. Une poétique qui prend corps dans le mouvement du monde, créant une inoubliable cosmogonie des sentiments. « l’Anguille » est un film en forme d’utopie, indispensable et bouleversant.
Une histoire qui voyage entre la comédie douce et le drame sur la réinsertion des criminels. Mise en scène soignée et interprétations réussies, quelques jolis moments de cinéma et pas un seul d'ennui malgré la lenteur et le peu de rebondissements.
Je l'ai adoré à l'époque de sa sortie. Très beau film sur le sens de la vie : pourquoi faisons nous certaines choses que nous pourrions ensuite regretter toute notre vie. Shohei Imamura maîtrise sa réalisation comme les grand maîtres du cinéma. Sa démonstration est remarquablement mise en scène dans un Japon contemporain et rural. Les personnages sont des échoués de l'existence : l'amour pourra-t-il les rendre confiants en l'avenir pour qu'ils puissent se réaliser et accomplir ainsi leur destin ? Beau message d'espoir sur les valeurs humaines qui permettent de surpasser les malheurs les plus terribles, et sur le fait qu'il y a toujours une vie après. A voir en VO.
Ce film me pose un réel problème:bravo pour le symbolisme,superbe l interprétation, splendide le Japon rural et pourtant une déception sous jacente, des scènes burlesques qui tombent à plat, des dialogues trop longs et trop appuyés ( décalage culturel?).
Un film calme et lent sur la réinsertion d'un criminel sorti de prison après un meurtre passionnel et qui se refuse d'aimer à nouveau. Quelques scènes étranges, d'autres poétiques, sur fond de ruralité japonaise. Il manque un peu de peps.
Une merveille! Déjà totalement conquis par "La ballade de Narayama", c'est sans surprise que j'aie retrouvé le talent incontestable de Shohei Imamura dans ce très beau film. Une histoire assez simple mais portée par de merveilleux acteurs dans une mise en scène sublime et n'oublions pas l'anguille qui a eu un rôle difficile...
Particulièrement friand du cinéma asiatique, le fait que celui ci ait reçu une palme d'or ne pouvait que me mettre l'eau à la bouche. D'où la déception que fut ce film japonais. Bien qu'il soit indéniable que le film porte des atouts majeurs, comme celui de la marginalité particulièrement bien exprimée par l'anguille et les extra terrestre, le film s'étend sur des détails inconséquents qui ne permettent pas une fluidité de l'histoire. Très minimaliste quand il faudrait s'étoffer, trop bavard là où un simple plan aurait suffit, le film gère mal l'adaptation de son scénario qui serait au demeurant intéressant. On retrouve des traits communs aux films asiatiques ( la peur de la maladie, la marginalité que j'ai citée plus haut ) mais jamais le film ne parvient à en faire des secondes lectures acceptables au regard de films coréens comme The Host ou Old Boy qui eux rendaient compte de façon agressive de leur singularité; je ne reproche pas là un manque d'agressivité à L'anguille mais juste un manque d'envie, le film se regarde sans se savourer avec un certain ennui. Dommage on aurait pu entendre de la co-palme d'or quelque chose de plus alléchant, ou alors puisqu'il tablait davantage sur le registre de l'émotion, quelque chose de plus émouvant.