De l’art de foirer les suites : par son mélange improbable de science-fiction et de fantastique aux tendances gores, le premier épisode de Phantasm pouvait laisser l’impression d’une production bancale, bordélique, truffée d’erreurs de débutant (ce que Don Coscarelli était sans contexte à l’époque)...mais dans le même temps, il possédait un univers à part, une atmosphère indéfinissable et un Bad Guy - le “Tall man� - extrêmement charismatique en la personne d’Angus Scrimm : avec un budget dont on fait d’ordinaire les navets, Coscarelli était parvenu à livrer un petit classique instantané, dont les qualités de fond compensaient aisément les faiblesses de forme. Le cinéaste ne parvint pas pour autant à se faire le genre de nom qui ouvre toutes les portes car pas loin de dix ans plus tard, Universal pictures ne voulait toujours pas financer ses projets personnels à moins qu’il ne s’agisse d’une suite à ‘Phantasm’. De guerre lasse, ce fut donc cette dernière orientation que Coscarelli finit par privilégier, ce qui lui valut un confortable budget, le plus élevé de toute la franchise. De fait, les différents effets spéciaux, qu’ils soient sanguinolents ou non, n’ont pas à rougir face à ceux des grosses productions de l’époque...mais loin d’aider Coscarelli à affiner sa vision, ces nouveaux moyens ruinent le fragile équilibre sur lequel reposait le premier ‘Phantasm’. Donner une suite à un film, dans les années 80, pouvait se traduire simplement par “mettre plus de flingues� : du coup, quand bien même les serviteurs-nains-zombifiés sont enfin exposés dans toute leur laideur et les sphères volantes sont plus crédibles, l’atmosphère si singulière de Phantasm passe à la trappe, au profit d’un simple western horrifique dans lequel Mike et Reggie sillonnent une Amérique délabrée, comme dans un ‘Supernatural’ avant l’heure, et font périodiquement le coup de feu contre les acolytes du Tall Man. Dans le même ordre d’idées, un certain recours à l’humour noir et une bonne dose de ridicule dans les combats signalent la tentative de ‘Phantasm 2’ de suivre les traces de ‘Evil dead 2’, sans jamais y parvenir. Si ce ‘Phantasm 2’ a sans doute été apprécié en son temps, les années ont éliminé l’avantage concurrentiel dont il disposait et l’ont ramené à ce qu’il est fondamentalement, une pâle copie de l’épisode original.