Votre avis sur Le Mur ?

4 critiques spectateurs

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5,0
Publiée le 15 janvier 2021
Ce film est le testament le plus bouleversant qu’un cinéaste ait jamais laissé au monde. Il a le goût de la souffrance montrée à l’écran par des acteurs quasiment tous amateurs mais dont la justesse de jeu est hallucinante. Cette souffrance est d’autant plus terrible que Yilmaz Güney ne se livre à aucune surenchère visuelle. Le public ne peut que sortir ravagé de ce film tant il se détache des autres sur l’univers carcéral. Et pour cause ! Il est le fruit des humiliations cruelles et méthodiques que Güney a vues et a lui-même subies durant ses longues années de bagne pour délit d’opinion. Tout est révolutionnaire dans ce film. D’abord l’histoire, qui est un témoignage destiné à contribuer à la chute de la dictature turque. Jusqu’aux méthodes de tournage, et à la direction d’acteurs. Pour s’en convaincre, le visionnage du documentaire sur le tournage du film s'impose. Ainsi, pour avoir un rendu plus authentique des larmes des enfants, Güney leur presse un citron dans les yeux, mais se l’inflige également. Les œuvres que nous a laissées ce géant du cinéma donnent aussi une leçon de vérité à tous nos anciens cinéastes révolutionnaires en pantoufles, nos soixante-huitards pourfendeurs de la "dictature" bourgeoise que furent Godard, Rivette ou Rohmer. Cette leçon s’adresse aussi aux démolisseurs modernes du "totalitarisme" yankee tels que Michaël Winterbottom, qui part filmer la base américaine de Guantanamo où sont enfermés des intégristes, mais qui se garde bien d’aller filmer les multiples et effroyables geôles castristes pour cubains ordinaires dans cette même région de Guantanamo. In-dis-pen-sable dans toute dévédéthèque qui se respecte.
3,0
Publiée le 10 juin 2020
Après "Yol", Palme d'or à Cannes en 1982 et avant de mourir d'un cancer de l'estomac, Yilmaz Güney consacre son dernier film aux prisons turques. Exilé en France, il reconstitue de toutes pièces à Pont-Saint-Maxence, dans l'Oise, un pénitencier divisé en quatre secteurs : deux secteurs pour les hommes, un pour les femmes et un dernier pour les enfants.

Le résultat est particulièrement poignant, à mi-chemin du documentaire et de la fiction. Certes, on savait depuis "Midnight Express" que les conditions d'incarcération en Turquie n'étaient pas tendres. Mais, tournant le dos à l'esthétisme kitsch d'Alan Parker - qui, malgré ses pachydermiques défauts, m'avait ému aux larmes quand je l'avais vu à sa sortie - Yilmaz Güney opte pour un parti pris naturaliste. On est tout aussi loin du tire-larmisme de "7. Koğuştaki Mucize", le film sorti sur Netflix, succès mondial du début du confinement, qui lui aussi se déroulait derrière les murs d'une prison turque.

"Le Mur" ne fait pas dans la dentelle. La violence est montrée sans euphémisation sous son jour le plus cru. Rien ou presque (les scènes de pédophilie sont seulement suggérées) ne nous est épargné de la violence la plus crasse qui est infligée aux jeunes prisonniers.

Yilmaz Güney parle d'expérience. Ce sympathisant communiste, opposant de longue date aux régimes militaires qui se sont succédés en Turquie, a connu toutes les geôles d'Anatolie. C'est en prison qu'il a écrit "Yol", son chef d'oeuvre. C'est de prison qu'il réussit à s'échapper pour trouver l'exil en France où il finira ses jours après avoir été déchu de la nationalité turque.

En signant "Le Mur", il réalise autant un film qu'il signe un acte politique de dénonciation. La charge est lourde. Elle est parfois caricaturale dans la description de matons sadiques torturant des enfants innocents. On n'a plus guère l'habitude de nos jours de voir un tel militantisme se déployer avec un tel manichéisme. Mais le résultat n'en reste pas moins terriblement efficace.
4,5
Publiée le 27 janvier 2025
Les prisons turques -que le réalisateur connait pour les avoir fréquentées- ont une sale réputation et trouvent ici une illustration particulièrement édifiante et âpre.
Ylmaz Güney dénonce, d'après des faits vécus, l'existence et le traitement réservé aux détenus des prisons sous la dictature militaire turque. S'il jette un oeil dans le quartier des femmes, s'il invoque le sort des prisonniers politiques -qui, sans doute, auraient pu faire les sujets d'un film à part- le réalisateur investit, pour l'essentiel de son récit, le dortoir 4, celui dévolu aux adolescents et aux enfants, orphelins pour beaucoup, livrés à eux-mêmes et encore plus à la maltraitance des gardiens.
Ce n'est pas tant, ou pas seulement, l'enfermement et le dénuement dont témoignent les personnages au quotidien que les bastonnades et les sévices qui leur sont infligés par des géôliers fascistes. Ce mépris de l'humain dans les prisons turques confine à l'inexplicable.
Tourné en France, avec pour comédiens -convaincants- des immigrés et réfugiés politiques, le film, dixit le cinéaste, avait pour vocation d'alerter le monde entier sur les conditions carcérales en Turquie. Sans doute le réalisateur a-t-il atteint son but, tant la brutalité du contenu du film et de sa forme, tant le sadisme dont il affuble l'administration pénitentiaire décrivent un univers impitoyable et révoltant.
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 20 mai 2010
Quelle surprise de voir que je suis le premier à émettre une critique sur ce magnifique film (enfin surpris pas tant que ca en fait, car j'ai l'impression que de plus en plus de gens se contentent du "plaisir" immédiat mais superficiel des films de grande consommation,ces films qui vous légumifient pendant 2 heures et dont on a déjà oublié la fin à peine le visionnage terminé).
Pour en revenir au film "le mur",il dépeint avec une grande sincérité et authenticité la vie d''adolescents dans une prison d'Ankara. C'est vraiment un film à conseiller, j'avais déjà beaucoup aimé Midnight Express, mais j'ai d'avantage aimé ce film qui nous plonge, de facon plus brute, et sans
artifices larmoyants, dans ce monde à part de la prison.
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