L'histoire d'une grand-mère (babooshka) qui ne trouve rien de mieux que rendre visite à son petit fils dans son camp militaire en pleine Tchétchénie.
On ne va pas voir ce genre de film pour se détendre, et pourtant, le rythme tranquille (mais pas lent) et l'originalité et parfois l'humour des situations, loin d'un « la vie est belle » de Benigni prend largement une dimension divertissante. Jusqu'à un certain point, quand la grand maman prend une Kalachnikov et fait semblant de tirer, on ne sait plus si l'on doit la trouver agréable ou la pire des enfoirées sur cette guerre aussi absurde que toutes les autres. Heureusement, quand elle dit une seconde après « c'est si facile », on a compris que ce film a choisi son camp, et va nous le montrer sans juger personne.
En dehors d'une caméra presque « américaine » dans son traitement sépia et son usage des téléobjectifs, son sens du rythme malgré le manque total d'action, son amour des visages, même de 81 ans, ce film d'auteur le cache bien. Et c'est tant mieux.
Il y a au moins deux magnifiques scènes, qui valent le déplacement pour tout un chacun, ensuite, c'est le jeu de la veuve de Rostropovitch qui nous laisse scotché au siège du début à la fin.
On ne peut pas dire que c'est un film magnifique, il est trop simple pour être comparé à un Tarkovski, mais le courage de tourner en Tchétchénie, de montrer une réalité de la lassitude et la résignation de deux peuples prêts à craquer, sans fioritures, sans leçons partisanes, tout cela est de la dimension des grands réalisateurs. Surtout quand on n'a pas l'impression d'avoir vu un documentaire, alors que rien n'a été fait pour échapper à cette approche.
Tant de cultures mondiales nous échappent en programmation parisienne par faute de place, de temps, et d'omniprésence hollywoodienne. Oui, j'oubliais, ce n'est même pas triste, juste sérieux.