Cashback a remporté le prix CICAE au Festival du Film International de San Sebastian en 2006 et était en compétition au Festival du Film Britannique de Dinard 2006.
Cashback est le premier long métrage de Sean Ellis. Avant d'être réalisateur,Ellis est un photographe de mode célèbre, notamment à la fin des années 90. Par la suite, il réalise plusieurs clips vidéos ainsi que des spots publicitaires. Son deuxième court métrage réalisé en 2004, Cashback, lui a valu le prix du meilleur court métrage dans douze festivals internationaux. Le film homonyme est une adaptation de ce court métrage, dans lequel ce dernier a été intégré.
Sean Ellis revient sur son parcours, de la photographie au cinéma : " Aujourd'hui, grâce à la vidéo, on peut réaliser des films pour rien. Mais quand j'étais jeune, le seul moyen de s'exercer à faire des films, c'était via le processus onéreux du 16 mm. Alors, pour réaliser les images que j'avais en tête, je me suis d'abord tourné vers la photographie - bien que le but ait toujours été de devenir cinéaste. On apprend en faisant, tous les jours, surtout sur un plateau. Mais ma principale formation a été de regarder des films. J'ai toujours été obsédé par cette question : " Pourquoi tel film m'a-t-il plu ? " Dès le plus jeune âge, je notais dans un cahier ce qui m'avait séduit, que ce soit dans la manière de filmer, les effets spéciaux, ou même le générique. "
Sean Ellis, le réalisateur de Cashback, raconte comment l'idée de ce film lui est venue : " J'ai toujours été obsédé par le caractère insaisissable de la beauté... un instant fugace saisi par l'objectif ou par la mémoire visuelle, ce qui la rend inséparable de la notion de temps et de manipulation du temps. C'est cela qui a inspiré Cashback et qui m'a donné envie d'explorer les thèmes du temps, de la beauté, de l'amour perdu, de l'amour nouveau... Cashback est né sous la forme d'un court-métrage de 18 minutes qui parlait de l'art de gérer l'ennui au fil de huit longues heures de travail, le tout raconté du point de vue d'un adolescent rêveur. L'idée m'est venue d'en faire un long-métrage et j'ai laissé mûrir la chose dans ma tête pendant quelques mois. La question principale était : si je devais recommencer le film à zéro, est-ce que je le ferais autrement ? La réponse fut non. J'ai donc décidé de compléter ce que j'avais déjà tourné. Cashback a fait un sacré chemin depuis avril 2003, lorsque nous avons supplié le directeur du supermarché Sainsbury de Whitechapel de nous accorder quatre nuits pour tourner un court-métrage dans son magasin. "
Le réalisateur explique comment il est également devenu scénariste de Cashback : " Je ne suis pas un scénariste. Mon désir d'écriture est venu du fait que je ne lisais rien qui m'intéresse. Quelqu'un m'a alors dit : " Pourquoi n'écris-tu pas toi-même ? " C'est ce que j'ai fait. Mais n'étant pas écrivain, j'ai besoin de d'abord visualiser mentalement l'intégralité du film avant de le coucher sur papier. C'est ma façon de procéder, un peu laborieuse, étrange. "
Sean Ellis raconte le processus de construction du film : " Ayant réalisé le court métrage, je me demandais comment j'allais développer cette histoire pour en faire un long. Une fois trouvé le début et la fin, je me suis dit : " A partir de maintenant, j'écris dix pages par jour ". Du coup l'écriture en elle-même a pris sept jours. Et on est entré en pré-production. " Conscient du fait qu'une telle rapidité n'est pas courante dans le milieu cinématographique, il explique : " J'avais été contacté par des studios, mais tous leurs projets prenaient un temps fou à se monter. Je ne comprenais pas : " On a un scénario, pourquoi est-ce qu'on ne tourne pas ? " On me répondait que tout n'était pas si simple, qu'il fallait faire encore du développement, de la réécriture, etc. J'en ai eu marre, j'ai écrit un scénario et j'ai dit : " Voilà l'histoire. Trouvons les acteurs, budgétisons et tournons ". C'est ce qu'on a fait. "
Sean Ellis parle de son expérience dans le supermaché, lors du tournage : " C'est un décor " auto éclairé " ! On a rajouté très peu de lumière. On peut rendre un supermarché intéressant, mais au début je ne le souhaitais pas : c'est un endroit triste pour Ben, et il devait l'être pour nous. Et puis, au fur et à mesure qu'on rentre dans l'imagination du narrateur et que lui-même se plait dans le supermarché, on a insensiblement rendu le tout plus coloré, plus attrayant. C'est ce que vous voyez dans la seconde partie du film. "
Sans être un film autobiographique, il existe des points communs entre Sean Ellis et le héros de son film, Ben Willis : " Je n'ai jamais travaillé de nuit dans un supermarché. Mais dans la faculté de Ben à arrêter le cours du temps, à le suspendre, à capturer des émotions, je retrouve mon travail et mes préoccupations de photographe. Et les souvenirs de jeunesse de Ben sont plus ou moins les miens. Celui de la Suédoise au pair par exemple est authentique. Et dire que certains pensent que c'est un stéréotype ! "
Le réalisateur explique comment il a choisi Sean Biggerstaff, l'interprète de son personnage principal : " Il dégage quelque chose de non-agressif, de calme. Il est aussi relativement malléable. En guise d'essai, je lui ai demandé d'enregistrer la voix-off, avec différents accents. J'ai ensuite passé quelques temps à rêver du film en écoutant cette cassette, dans laquelle il montrait une grande variété de registres. Mais la raison principale pour laquelle je l'ai choisi, c'est qu'on peut difficilement le percevoir comme quelqu'un de sexuellement déviant ! (rires) Parce que si vous y pensez, ce que fait Ben, c'est un tantinet suspect quand même. Si vous pouviez arrêter le cours du temps, et que vous en profitiez pour déshabiller des femmes, est-ce que c'est quelque chose que vous iriez raconter ? Probablement pas... J'étais très conscient de ce piège. Dès le court métrage, je me rappelle montrant le film à des amies et leur demandant : " Est-ce que vous pensez que ce gars est un pervers ? " Si elles m'avaient dit oui, j'aurais eu tout faux. J'avais besoin qu'on me dise qu'il était adorable, touchant, et même idéalement quelque chose du genre : " Tu sais, cela ne me dérangerait pas qu'il me fasse la même chose " ! "
Pour le cinéaste, les seconds rôles sont essentiels : " Pour moi, les seconds rôles doivent être vivants, ou alors ils n'ont pas de raison d'être. Je voulais qu'on s'identifie à eux, qu'ils aient des comportements dans lesquels on se reconnaisse, ou dans lesquels on reconnaisse nos amis. Je me suis inspiré de connaissances, ou de connaissances de connaissances... D'autres se sont imposés via les acteurs qui les interprétaient, comme Jenkins, le manager. Le comédien nous a fait tellement rire sur le court métrage que j'ai eu envie d'écrire pour lui. L'ambiance étant très bonne sur le plateau, on a également pu profiter de quelques improvisations... "