Dès les premières minutes, le bébé namibien Ponijao m’impressionnait par son habileté à taper sur son gros caillou sans frapper son pouce ! Puis les séquences qui illustraient les tout premiers jours de la naissance, je me suis dit que tous les bébés du monde et peu importe l’environnement où ils naissent se ressemblent. J’irais presque à dire : nous sommes égaux devant la mort, il en est de même devant la naissance. Les mêmes mimiques, les mêmes petits sourires esquissés, les mêmes petits gestes saccadés. Alors, il est vrai, quelques jours plus tard, le bébé se forme, se construit et il se différencie d’un autre. La caméra se met à leur hauteur, comme à la manière d’un film animalier, (ce n’est point offensant puisque l’Homme appartient au monde animal) le réalisateur n’intervient pas ; il filme, et nous observons et peu importe que le bébé de Mongolie ou de Namibie tombe, suce un os découvert sous terre, ou boit de l’eau boueuse. Et ce qui est instructif, on le savait tous, c’est ce contraste entre l’éducation namibienne par exemple et l’éducation à « l’occidentale ». On peut sourire des ateliers à Tokyo ou à San Francisco où des parents avec leur progéniture s’éveillent à la nature alors qu’en Namibie ou dans les steppes de Mongolie, bébé s’éveille de lui-même dans la nature, dans une nature hostile. Les parents ne sont pas aussi protecteurs que ceux du monde occidental, ils prennent moins de gants, n’aseptisent pas l’environnement pour leur bébé. Ici, il n’est pas question de juger qui que ce soit. On peut s’interroger parfois sur le futile et on a le droit d’être surpris. Voilà un film sans voix off à porté universelle et terriblement captivant.