Pour son premier scénario en solo, Bernard Campan a été conseillé par le philosophe suisse Alexandre Jollien sur la manière de composer son scénario : "Il m'a proposé une méthode d'écriture en trois points. Premier point : invention à tout va ; deuxième point : essayer d'assembler les idées ; troisième point : trouver une cohérence. Ne serait-ce que ça, ça m'a aidé. Puis il m'a toujours exhorté à aller au plus près de moi-même, à ne pas me trahir. Il m'a dit : 'Si tu montres ce film un jour à tes enfants, pour eux ce sera la vision du monde de papa et tu n'as pas le droit de la trahir.'" Jollien l'a également soutenu dans les moments de découragements qui accompagne souvent le stade de l'écriture : "Un jour où j'étais totalement découragé, sur le point d'arrêter, il m'a dit : 'Bernard, le découragement fait partie intégrante de la créativité." Il m'a encouragé à être ouvert à tout ce qui se passe, m'a guidé vers des lectures, a fait mon éducation. C'est justement lui qui m'a dit que l'écriture était une rééducation, un réapprentissage."
La Face cachée reste un film extrêmement personnel pour son auteur : "L'idée c'est qu'il y ait 100 % du Bernard Campan que j'étais il y a 10 ans. J'ai changé. Ma vision du monde a changé. Mais c'est 100 % moi. C'était le défi : que je ne puisse rien renier de la façon dont ce personnage voit le monde."
Avant de trouver son titre définitif, La Face cachée est passé par diverses phases, toutes plus ou moins liées au mystère de la vie. "On m'a proposé à l'écriture de nommer dès le début le mystère d'Isabelle. J'ai dit que je voulais bien laisser une porte de sortie pour qu'au montage le spectateur ait une longueur d'avance sur François, mais ce n'est pas le sujet du film", explique Bernard Campan. "Ça devait s'appeler La Vie est un rêve... titre issu d'un proverbe Persan qui est : "La Vie est un rêve dont la mort nous réveille." C'est cette peur de la mort qui va réveiller François. Le bonheur ressemble à une prise de conscience pour lui."
Bernard Campan s'est inspiré des leçons d'un monument du cinéma français pour mettre en scène : "Les idées, les cacher, mais de manière à ce qu'on les trouve. La plus importante sera la mieux cachée," écrit Robert Bresson dans ses Notes sur le cinématographe.
Bernard Campan , bien qu'il n'en soit pas à son premier passage derrière la caméra voulait réaliser un film plus personnel: "En co-réalisant avec Didier Bourdon (Les Trois frères, Le Pari, Les Rois mages), je ne m'étais jamais senti réalisateur. Donc l'envie de faire mon premier film tout seul était là depuis longtemps : j'en parlais mais ça ne se faisait pas ! Un jour Philippe Godeau m'a demandé si j'avais des projets. Je lui ai parlé de cette envie et du fait que je n'avais pas d'idée. Il m'a dit : "Moi j'en ai une." Je suis parti de son idée. Comme personne ne voulait écrire avec moi, j'ai fait une première version et c'est à partir de là que ça a vraiment évolué. J'ai senti qu'il fallait que j'aille vers quelque chose qui m'appartienne totalement, quelque chose de plus personnel. Et j'ai vraiment trouvé l'envie de faire mon film en tirant sur un fi l de questionnements : Qui suis-je ? Comment je fonctionne ?... et une nouvelle idée est venue ! Le but, c'était de le faire seul. Et, paradoxalement, ce premier film "en solo", je l'ai fait seul avec l'aide de tout le monde. C'est ça qui est formidable."
Pour Jean-Hugues Anglade, le contact avec Bernard Campan s'est plutôt bien noué. Les deux hommes ont tous les deux grandi à Tours, et ont également joué dans des groupes - différents - à la même époque, Cristal pour Campan, et Gypsi pour Anglade.