En compétition pour la Caméra d'Or lors de la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes en 2006 et ayant suscité de nombreuses réactions de la part de la presse et des professionnels, le film d'animation Princesse de Anders Morgenthaler est cependant reparti bredouille de la croisette. La même année, le réalisateur danois a été nominé dans la catégorie Meilleur Début aux Amanda Awards, l'équivalent des Oscars en Norvège.
Princesse est le premier long métrage d'Anders Morgenthaler. Pour ce film, le réalisateur danois a décidé de coupler technique d'animation (80%) et scènes jouées par les acteurs (20%), tout comme pour son film de fin d'études Araki - The Killing of a Japanese Photographer. Des scènes de fiction viennent alors entrecouper des scènes d'animations, tout particulièrement celles concernant le personnage de Christina alias La Princesse, star du porno.
Le choix de coupler animation et fiction pour Princesse a été savamment étudié par le réalisateur Anders Morgenthaler et s'affiche dans une volonté de concevoir une oeuvre à la fois poétique mais cependant d'une extrême violence. Il prend ainsi à contre-pied la distance que l'animation peut installer entre le film et le spectateur : "La partie animé permet ainsi aux spectateurs de s'investir plus et d'accepter plus facilement tous les aspects violents, mais toutes les émotions qui vont ressurgir de ces dessins vont être portées encore plus par les scènes de fictions."
Extraits de l'interview d'Anders Morgenthaler par Catherine Ruelle donnée sur RFI le 17 mai 2006.
Princesse est le premier film d'animation pouvant se revendiquer comme étant exclusivement destiné à un public adultes. Il a ainsi créé la surprise lors de sa présentation en ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs lors du Festival de Cannes 2006. Entre pornographie, violence et désir suprème de vengeance, le film du danois Anders Morgenthaler a suscité de nombreuses réactions de la part des professionnels, qui ne s'attendaient pas à voir de tels sujets prendre place dans le récit au vu du titre de ce dernier (Princesse) faisant écho à l'univers des contes de fées.
Dessin animé sur fond d'industrie pornographique et de désir autodestructeur de vengeance, Princesse a été l'un des films évènements de cette Quinzaine des Réalisateurs. Véritable pamphlet contre le porno, le réalisateur danois présente un film d'animation hors norme et engagé : "Il faut vraiment être bête ou avoir une très forte capacité d'oublier qu'il s'agit des êtres humains, pour pouvoir jouir d'un film porno. Il faut être complètement crétin pour s'imaginer que c'est un boulot de rêve de se faire baiser par quatres hommes lorsqu'on est enceinte jusqu'aux dents."
Le réalisateur Anders Morgenthaler explique que son film Princesse est un message sur la "pornographisation" de notre société et sur l'exploitation humaine opérée par l'industrie pornographique. Les dix années qui viennent de s'écouler ont vu cette industrie connaître un essor fulgurant, faisant d'elle la troisième industrie mondiale. Ainsi des milliers de femmes passent chaque année dans les rouages de celle-ci et change ainsi complètement leurs vies tout en pouvant avoir des conséquences terribles sur celles-ci : "Participer dans un film porno peut avoir des conséquences fatales. Comment les hommes peuvent-ils se convaincre que c'est excitant ou s'allumer de désir ? Comment les hommes peuvent-ils rester assis à se branler quand on sait que les modèles de porno sont considérés pour le restant de leur vie comme des parias."
Princesse marque un retour du cinéma d'animation inspiré de la philosophie de l'animation japonaise, Anders Morgenthaler précise : "Au départ, je me suis demandé comment faire pour obtenir le plus beau résultat possible avec les moyens qui sont à notre portée ? Nous l'avons fait en nous servant des techniques existantes, mais que personne n'a encore utilisées en Europe."
Le style visuel unique de Princesse est le résultat d'un nombre incalculable d'esquisses et d'expérimentations auxquelles se sont attelés les animateurs Kristjan Möller et Mads Juul.
C'est à partir d'esquisses réalisées en fonction des acteurs prêtant leurs voix aux différents héros de Princesse que l'équipe en charge de l'animation du film a élaboré le physique et les attitudes des différents personnages.