Cest dabord une surprise de ré-entendre de lallemand dans une salle de cinéma, comme une langue exotique. Cest une bonne nouvelle quau pays de Murnau, Fritz Lang, Herzog, Fassbinder, il y ait une relève, enfin !..
Cest un huis-clos pour cinq personnages, une femme, un homme absent, deux jeunes adolescents, et un chien. Ne pas oublier le chien.
Lintrusion dun corps étranger (ou presque) au sein dune famille, véritable nid de relations ambiguës, malsaines, inavouées, cest toujours loccasion de se réjouir devant les réactions en chaînes, comme pour une expérience scientifique. Tout est en opposition, en contrastes violents : cest lété, on peut ressentir la chaleur sur les comportements et pourtant la lumière est froide, comme lintérieur de la maison, impersonnel, à lambiance glaciale; la relation qui se noue entre Paul et sa tante Anna est faite autant de répulsion que de fascination, dautorité et de soumission; les regards échangés sont aussitôt déjoués par les échanges verbaux; le personnage de Robert, est lui aussi tout en ambiguïtés : corps lourd, physique ingrat, mais cest un pianiste au toucher élégant. Enfin, tout ce qui tourne autour du chien, suggéré ou montré, est tout à fait étonnant.
Il y a comme une sorte de vertige dans le récit, car au contraire de productions calibrées grand public, le film nest absolument pas prévisible. Lorsque le générique de fin déroule, on ignore toujours si nous sommes dans le registre de la comédie ou de la tragédie. Cette absence de point de vue moral fait la force du film, et aussi sa faiblesse : on ne peut quêtre admiratif du savoir-faire du réalisateur, de son talent pour instiller une ambiance délicieusement perverse, mais du coup, il ny a aucune émotion, aucune possibilité dempathie pour tel ou tel personnage.